Les évènements hors du vill age       Les années 1849 et 1850.


 
 



                                    
Histoire du village année par année.                                              Les années 1849 et 1850.
 

1849 Une lettre de colon du mois de janvier

1849 Une lettre de colon du mois de mars.

1849 Où en est-on en avril ?

1849 - Le choléra

1850 - Barral, juste après Mondovi.

1850 - L'Almanach du laboureur algérien.
 
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 Le Choléra au village 
      
 Dans le village, la rue de l’Espérance est le souvenir de la période où le choléra fit des ravages dans la région de Mondovi.

En avril 1849, alors que la colonie de Mondovi est en pleine organisation de création du village, la terrible maladie s’abat sur la région.

 

Un centre sanitaire est créé de l’autre côté des remparts  pour isoler les malades.

C’est un grand bâtiment en planches organisé de façon à héberger hommes et femmes séparément. Un local est aménagé qui servira d’infirmerie. Une soixantaine de malades peuvent y être soignés.

Mais aucun traitement sérieux n’est préconisé si ce n’est le repos et le grand air.

Chaque jour réserve des surprises aux colons qui, le matin sont partis aux champs. Ils découvrent à leur retour leur femme ou leurs enfants malades.

Des familles entières sont décimées. On comptera au total environ 260 décès.

Certains colons, découragés vendront leur concession  pour regagner la France. D’autres, renonçant au travail de la terre, quitteront le centre pour entreprendre une nouvelle activité.

Au mois d’août on note une régression de la maladie. Cette dure épreuve ne se renouvellera plus au village.

Certains colons l’auront passée sans être atteints et la vie pourra reprendre au centre.



L’Algérie, ce pays ouvert sur la méditerranée, a été particulièrement exposée aux atteintes des maladies épidémiques et sa population a payé un tribut assez lourd aux grandes pandémies qui ravagèrent le pourtour du bassin méditerranéen. En 1830 les moyens thérapeutiques pour lutter contre cette maladie ne sont pas encore très développés et ne permettent pas de la combattre avec des armes efficaces. On préconise l'isolement des individus atteints, leur groupement dans les lazarets, la mise en quarantaine des navires provenant des ports suspects. Ainsi,  plusieurs épidémies de choléra se sont abattues dans toute l’Algérie au cours des premières décennies de l’occupation française. Par sa soudaineté, le choléra impressionne : la mort survient en 48 heures, après une incubation de 4 jours.


Qu'est-ce que le choléra ?

Le choléra  est une maladie infectieuse  à caractère épidémique qui résulte de l'absorption par la bouche d'eau ou d'aliments contaminés. Une fois dans l'intestin, les bactéries (vibrions) sécrètent notamment la toxine cholérique, principale responsable de l'importante déshydratation qui caractérise l'infection : les pertes d'eau et d'électrolytes peuvent atteindre 15 litres par jour.  Les selles diarrhéiques libérées en grande quantité sont responsables de la propagation des bacilles dans l'environnement.

 De plus, la période d'incubation favorise le transport des vibrions sur de plus ou moins longues distances.

 

 

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 Le Maréchal BUGEAUD, victime du choléra.

On peut regretter que le Maréchal BUGEAUD ait été emporté, le 10 juin 1849, par cette maladie.

On a donné son nom à un village perché à douze kms de la ville.

Il me reste également en mémoire une chanson que mon père entonnait malicieusement :

« As-tu vu la casquette, la casquette

   As-tu vu la casquette du père Bugeaud ? »

 

Comment est née cette chanson ?

On raconte qu'une nuit, le camp du général Bugeaud est attaqué. Réveillé en sursaut, le général sort de sa tente…en bonnet de nuit ! Il repousse les arabes et les soldats se mettent alors, en riant, à improviser des paroles sur un air de clairon.Le général s’en réjouit et, par la suite, il disait lui-même : « Sonnez la casquette ! »

Bugeaud et son bonnet de nuit.
Le père Bugeaud à l'attaque avec son bonnet de nuit.

 

 

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Aujourd’hui nous n’avons plus connaissance en France de tels fléaux. Il nous est donc difficile d’imaginer l’ambiance que crée une telle épidémie. Voici ce qu’en dit quelqu’un qui l’a vécue ( Pauline De Noirefontaine)

 « le choléra a fondu sur notre pauvre ville comme un vautour qui la couvre de ses ailes noires… il est presque impossible de sortir de chez soi ni d’ouvrir sa croisée, sans entendre le râle de la dernière heure, ou voir quelque exposition funèbre…depuis six semaines que le choléra a étendu sur nous son bras de fer, il a déjà fauché le huitième de la population, et le tiers de la garnison, sept médecins, quatre-vingt-cinq infirmiers et douze sœurs de Saint-Vincent-de-Paul... Mais c’est surtout la rapidité avec laquelle on passe de la vie à la mort qui ébranle les âmes les plus intrépides. On ne peut même plus se fier à la jeunesse, à la fraîcheur et à l’éclat des belles années ; le monstre sévit avec une fureur tellement aveugle, qu’il frappe indistinctement jeunes et vieux, faibles et forts, pauvres et riches, sans distinction d’âge, de fortune. »

 

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   Lettre d'un colon au mois de janvier 1849

  
 

Mondovi, 10 Janvier 1849

"Je vous avise que nous avons mis 28 jours pour arriver à Bône et nous en sommes à 8 lieues et ça ne fait qu'une seule plaine et une terre comme on n'en voit pas de pareille en France, pour la bonté ; nous n'avons aucune gelée, nous n'avons qu'un peu de pluie et du beau temps ; nous avons resté un peu dans les tentes et maintenant nous sommes dans les baraques en planches ; nos baraques ont 3 mètres 50 centimètres de large et 5 mètres de long ; on nous a donné notre jardin voilà 3 semaines et nous avons déjà choux, carottes, oignons, navets, poireaux, salades, radis, pois, tout est déjà bien élevé. Nous sommes arrivés un peu tard pour semer du blé, mais on a fait venir des arabes en masses pour labourer et semer pour nos récoltes de l'année prochaine. Nous sommes en train de faire les fortifications, nous gagnons 5 à 6 francs par jours les bons ouvriers et nous ne sommes pas malheureux. Nous recevons les vivres de campagne, mais nous avons du pain de sous-officier fi livre de viande, 12 grammes de café, autant de sucre et un quart de vin, mais nous sommes obligés de laisser 60 centimes de notre journée pour notre nourriture, on a fait aussi des fours à chaux et des briques pour bâtir des maisons.
On nous donne tous les outils nécessaires : pelles, pioches, bêches et tout ce qui s'en suit. Je m'y plais très bien, ma femme aussi et nous nous portons même mieux qu'en France ; nous avons déjà fait la perte de quelques petits enfants, mais pas encore de grandes personnes... Nous sommes près d'une rivière et notre convoi est divisé en deux villages que l'on a appelé Centre ler et Centre 2 de la Commune de Mondovi. Nous sommes dans les baraques et chaque famille reçoit des vivres et l'on s'arrange comme on veut..."

 LEMAIRE François


 
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   Une lettre de colon du mois de mars 1849   
 

Le  19 Mars 1849

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......Le pays est charmant, nous sommes entourés de montagnes boisées, de vallons et le village est situé sur un mamelon ; au Nord, sont nos jardins, au midi est un vallon boisé puis un mamelon aussi boisé ; à l'Est, sont de très hautes montagnes avec des gorges toutes boisées, au bas la Seybouse, rivière très poissonneuse, au couchant des mamelons boisés et de larges gorges. Les arbres dont des oliviers, des peupliers, des charmes, des frênes, des myrtes et d'autres dont je ne connais pas les noms. Il y a beaucoup de terre argileuse et des grès sur le bord de la Seybouse. On voit beaucoup de pierres à chaux. Il y a des mines de fer : le Capitaine dit que toutes les montagnes qui nous entourent en contiennent beaucoup.
Nous n'avons encore rien trouvé dans les fouilles que l'on fait qui prouve que les Romains aient habité cette partie de l'Afrique, qui du reste était tout à fait inculte ; quelques parties avaient été labourées par les Arabes, mais si superficiellement que l'on ne peut comprendre que la terre ait rapporté. On peut se livrer à la culture de la vigne, des oliviers, du tabac, du blé qui est double en grosseur de celui de France : mais il faut du travail et du courage.
Nos jardins sont en partie plantés, tout y vient bien ; tous les arbres que nous avons emportés sont bien pris, nos pommes de terre sont très grandes, nos salades, nos épinards, nos pois, nos radis, le persil ne vient pas ; du reste toutes les plantes de France reprennent très bien. Notre vigne est très belle mais nous en avons très peu. La pépinière de Bône nous a rien donné ; Monsieur Hardy n'y étant plus, il est à Alger, nous lui avons envoyé notre lettre, mais il n'a pas répondu.
Je vois qu'avec du travail et de la persévérance, on peut faire un riche pays de l'Afrique... etc...

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   Où en est-on en avril ?   
 

Le Moniteur Universel du 13/04/1849

"La province de Constantine a reçu, en 1848, cinq convois d'émigrants formant un total de 4411 individus".

Les mauvais temps qui empêchaient l'arrivage des navires chargés de bois, ou rendaient les communications difficiles, ont pendant longtemps retardé les travaux d'installation provisoire. Sauf quelques rares exceptions, quelques esprits inquiets, les émigrants ont semblé comprendre toutes les difficultés que l'administration éprouvait, et ont accepté franchement les inconvénients de la vie sous la tente, toute nouvelle pour eux.

Dans toute l'étendue de la province, les neuf dixièmes au moins des jardins ont été mis en valeur ; des moniteurs d'agriculture, choisis presque exclusivement parmi les émigrants, ont prêté le concours le plus utile dans ces circonstances.

Des effets d'habillement hors de service ont été distribués aux colons les plus nécessiteux. Tous ont reçu, depuis leur arrivée dans les colonies jusqu'au 20 février, époque à laquelle elle a été supprimée, une allocation journalière de 10 centimes par personne et de 5 centimes par enfant ayant droit à la demi- ration. Dans un moment où les légumes étaient chers, où il était difficile de s'en procurer, cette allocation a été d'un grand secours aux familles, en leur permettant d'améliorer leur ordinaire.

L'esprit des colons est généralement bon ; le sentiment de la propriété, l’attachement au sol, semblent se développer chez eux. Dans les trois colonies du cercle de Philippeville, aucune demande de retour en France n'a été présentée. Six familles de la division de Bône ont demandé à renoncer au bénéfice de leur position et sont reparties pour la France à leurs frais.

L'état sanitaire est partout satisfaisant ; aucune fièvre, aucune maladie particulière au pays ne s'est encore déclarée.

Des écoles primaires distinctes pour les garçons et pour les jeunes filles ont été établies dans les centres de la subdivision de Bône ; leur direction a été confiée à des instituteurs et à des institutrices choisis parmi les émigrants, et qui étaient munis de diplômes délivrés en France.

Les constructions définitives ont été entreprises dans toutes les colonies. Elles sont le plus avancées dans le cercle de Philippeville, qui a reçu les premiers convois.

Partout les fours à chaux, les briqueteries, les fours banaux, les maisons de secours ont été construits. On presse les travaux avec la plus grande activité, afin que la majeure partie des émigrants puisse être logée définitivement avant l’époque des chaleurs.

L'ensemble de ces renseignements permet d'apprécier la situation favorable dont jouissent les nouvelles colonies; aucun moyen ne sera négligé pour que cet état de choses tende à s'améliorer. On doit reconnaître cependant que les colons n'ont point encore eu à lutter devant les véritables difficultés de l'entreprise. jusqu'à présent, en effet, leurs efforts se sont appliqués aux seuls soins du jardinage ; mais bientôt les travaux de la récolte, plus tard ceux des labours et des semailles soumettront leur courage à de plus rudes fatigues."

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   1850 - Barral, juste après Mondovi.
 

Barral, juste après Mondovi.

 

Barral

Mondovi le haut avait été créé parce qu’on s’est très vite aperçu que la surface allouée aux colons était insuffisante. Les terres de ce centre étaient ingrates et ne permettaient pas la culture de céréales. On y implanta donc du tabac et des oliviers dans des conditions d’insécurité plus grandes qu’à Mondovi.

En 1850 Barral comptait 338 habitants. Mondovi en comptait 335.

Après Barral la ligne de chemin de fer passait par St Joseph pour atteindre Duvivier. Là, une correspondance permettait d’emprunter la ligne qui menait à Guelma ou de continuer sur Souk Ahras,  la ville de naissance de St Augustin dont le nom d'origine était  Thagaste.

 Plus au sud , l’exploitation minière de l’Ouenza
Le transport ferroviaire a joué un rôle important dans l’exploitation minière. Sans vouloir trop développer le sujet disons deux mots de la mine d’Ouenza qui se trouvait au sud de Mondovi.

 

Barral, juste après Mondovi.

 

Les travaux d'extraction du minerai ont été entrepris en 1921 à l'Ouenza .
-----------Le minerai était  extrait le plus souvent à ciel ouvert et rarement par galeries souterraines. Il était manipulé, de manière générale, par des procédés mécaniques jusqu'à la voie ferrée. En principe, l'exploitation était  conduite par gradins de 15 mètres de hauteur. L'abattage du minerai s'effectuait par mine; verticales tirées électriquement. Le chargement était opéré par des pelles électriques puissantes. Des berlines traînées sur les gradins par des tracteurs emportaient  le minerai, qui était  descendu aux trémies des stations de chargement par gravité, par skips ou par traînage. Plus de trois cents wagons métalliques de 40 tonnes, de charge utile à déchargement automatique emportaient le minerai par trains de 6oo tonnes. L'électrification de la ligne, terminée en 1939 a permis d'assurer le transport avec des moyens plus puissants. En période normale, le chemin de fer était en mesure d'acheminer près de trois millions de tonnes par an. La force motrice était fournie par la Centrale électrique de Bône.
-----------Au port, les wagons étaient  déversés dans une trémie. Le minerai était chargé à bord des navires par trois appareils identiques, dont chacun manipulait  6oo tonnes par heure.

 

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   1850 - L'Almanach du laboureur algérien.
 

Une grande proportion de colons qui s'installent à Mondovi, comme dans les autres colonies, sont des citadins qui ne connaissent pratiquement rien de la vie d'un agriculteur. Bien que l'armée soit là pour aider les nouveaux arrivants, le gouvernement édite une brochure qui tient lieu d'almanach dont le but est de suggérer les activités à mettre en oeuvre tout au long de l'année. Cette brochure est publiée sous l'appellation d'Almanach du laboureur algérien.

Pour chaque mois, une série de conseils est listée :

Janvier : "Travaille à tes plantations"
Février : "Ferme ton jardin d'une haie de cactus, imite en cela les Arabes".
Mars : "Plante ton tabac dès que ton semis aura huit feuilles".
Avril : "Surveille ta vache et ta jument. Si elles sont en humeur, fais les couvrir tout de suite."
Mai : "Voici venir la pénible saison des foins et des moissons."
Juin : "Soigne bien tes fossés d'arrosage, ne laisse rien perdre de ton eau"
Juillet : "Emeule ta paille".
Août : "Attention aux fièvres."
Septembre : "Prépare des abris pour un porc, des poules, des lapins, des pigeons."
Octobre : "Presse tes boeufs, active tes labours, voici bientôt le moment des semailles."
Novembre : "L'époque des plantations commence."
Décembre : "Plante tes arbres...le figuier est de tous les arbres à fruits celui que tu dois multilier le plus.


Voici la plage complète de l'Almanach concernant le mois d'Août.

   Si tu as fini les foulaisons prends ta charrue et retourne celles de tes terres qui étaient en céréales et que tu veux encore semer en automne. Ne te laisse pas dire que la terre est trop sèche ou trop dure? Ce labour sera difficile, mais il vaudra de l'engrais.
   Voici le moment de sécher ton tabac. Ne le ceuille que bien mûr, sans cela tu perdrais en poids et en qualité. Si ta maison n'est pas assez grande, sèche le sous des arbres ou même au soleil par terre en ayant soin de le surveiller tous les jours et de ne pas le laisser trop longtemps.
   Fais ta récolte de maïs et achève d'écimer celui qui ne le serait pas encore.
   La saison des fièvres est venue. Ecoute bien ici quelques conseils d'hygiène que tu devras suivre toute l'année.
     Ne sors pas à jeun.
     Le café pour le repos du matin est très salutaire dans ce pays.
     Ne reste pas au soleil la tête nue, n'y laisse jamais aller tes jeunes enfants.
     Ne t'attarde pas trop le soir dans les champs. La fraîcheur des soirées est dangereuse.
     Bois peu et chosis bien ton eau.
     Prends du vin avec sobriété.
     Mets une ceinture de laine.
   Si tu te sens mal à l'aise, la tête lourde et les jambes faibles, c'est un indice de fièvre. Ne l'attends pas, prends un peu de quinine, et sur toute chose ne te laisse pas abattre.L'activité chasse la fièvre.Il est quelque chose de plus dangereux que le fièvre; quelque chose qui la donne et empêche d'en guérir, c'est l'indolence, la paresse.
Le meilleur remède contre la fièvre c'est l'énergie.

 

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