Les évènements hors du vill age |
Le Choléra au village | ||
Dans le village, la rue de l’Espérance est le souvenir de la période où le choléra fit des ravages dans la région de Mondovi. En avril 1849, alors que la colonie de Mondovi est en pleine organisation de création du village, la terrible maladie s’abat sur la région. Un centre sanitaire est créé de l’autre côté des remparts pour isoler les malades. C’est un grand bâtiment en planches organisé de façon à héberger hommes et femmes séparément. Un local est aménagé qui servira d’infirmerie. Une soixantaine de malades peuvent y être soignés. Mais aucun traitement sérieux n’est préconisé si ce n’est le repos et le grand air. Chaque jour réserve des surprises aux colons qui, le matin sont partis aux champs. Ils découvrent à leur retour leur femme ou leurs enfants malades. Des familles entières sont décimées. On comptera au total environ 260 décès. Certains colons, découragés vendront leur concession pour regagner la France. D’autres, renonçant au travail de la terre, quitteront le centre pour entreprendre une nouvelle activité. Au mois d’août on note une régression de la maladie. Cette dure épreuve ne se renouvellera plus au village. Certains colons l’auront passée sans être atteints et la vie pourra reprendre au centre. L’Algérie, ce pays ouvert sur la méditerranée, a été particulièrement exposée aux atteintes des maladies épidémiques et sa population a payé un tribut assez lourd aux grandes pandémies qui ravagèrent le pourtour du bassin méditerranéen. En 1830 les moyens thérapeutiques pour lutter contre cette maladie ne sont pas encore très développés et ne permettent pas de la combattre avec des armes efficaces. On préconise l'isolement des individus atteints, leur groupement dans les lazarets, la mise en quarantaine des navires provenant des ports suspects. Ainsi, plusieurs épidémies de choléra se sont abattues dans toute l’Algérie au cours des premières décennies de l’occupation française. Par sa soudaineté, le choléra impressionne : la mort survient en 48 heures, après une incubation de 4 jours. De plus, la période d'incubation favorise le transport des vibrions sur de plus ou moins longues distances.
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Le Maréchal BUGEAUD, victime du choléra. On peut regretter que le Maréchal BUGEAUD ait été emporté, le 10 juin 1849, par cette maladie. On a donné son nom à un village perché à douze kms de la ville. Il me reste également en mémoire une chanson que mon père entonnait malicieusement : « As-tu vu la casquette, la casquette As-tu vu la casquette du père Bugeaud ? »
Comment est née cette chanson ? On raconte qu'une nuit, le camp du général Bugeaud est attaqué. Réveillé en sursaut, le général sort de sa tente…en bonnet de nuit ! Il repousse les arabes et les soldats se mettent alors, en riant, à improviser des paroles sur un air de clairon.Le général s’en réjouit et, par la suite, il disait lui-même : « Sonnez la casquette ! »
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Aujourd’hui nous n’avons plus connaissance en France de tels fléaux. Il nous est donc difficile d’imaginer l’ambiance que crée une telle épidémie. Voici ce qu’en dit quelqu’un qui l’a vécue ( Pauline De Noirefontaine) « le choléra a fondu sur notre pauvre ville comme un vautour qui la couvre de ses ailes noires… il est presque impossible de sortir de chez soi ni d’ouvrir sa croisée, sans entendre le râle de la dernière heure, ou voir quelque exposition funèbre…depuis six semaines que le choléra a étendu sur nous son bras de fer, il a déjà fauché le huitième de la population, et le tiers de la garnison, sept médecins, quatre-vingt-cinq infirmiers et douze sœurs de Saint-Vincent-de-Paul... Mais c’est surtout la rapidité avec laquelle on passe de la vie à la mort qui ébranle les âmes les plus intrépides. On ne peut même plus se fier à la jeunesse, à la fraîcheur et à l’éclat des belles années ; le monstre sévit avec une fureur tellement aveugle, qu’il frappe indistinctement jeunes et vieux, faibles et forts, pauvres et riches, sans distinction d’âge, de fortune. »
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Lettre d'un colon au mois de janvier 1849 |
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Mondovi, 10 Janvier 1849 |
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Une lettre de colon du mois de mars 1849 | ||
Le 19 Mars 1849 |
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Où en est-on en avril ? | ||
Le Moniteur Universel du 13/04/1849 Les mauvais temps qui empêchaient l'arrivage des navires chargés de bois, ou rendaient les communications difficiles, ont pendant longtemps retardé les travaux d'installation provisoire. Sauf quelques rares exceptions, quelques esprits inquiets, les émigrants ont semblé comprendre toutes les difficultés que l'administration éprouvait, et ont accepté franchement les inconvénients de la vie sous la tente, toute nouvelle pour eux. Dans toute l'étendue de la province, les neuf dixièmes au moins des jardins ont été mis en valeur ; des moniteurs d'agriculture, choisis presque exclusivement parmi les émigrants, ont prêté le concours le plus utile dans ces circonstances. Des effets d'habillement hors de service ont été distribués aux colons les plus nécessiteux. Tous ont reçu, depuis leur arrivée dans les colonies jusqu'au 20 février, époque à laquelle elle a été supprimée, une allocation journalière de 10 centimes par personne et de 5 centimes par enfant ayant droit à la demi- ration. Dans un moment où les légumes étaient chers, où il était difficile de s'en procurer, cette allocation a été d'un grand secours aux familles, en leur permettant d'améliorer leur ordinaire. L'esprit des colons est généralement bon ; le sentiment de la propriété, l’attachement au sol, semblent se développer chez eux. Dans les trois colonies du cercle de Philippeville, aucune demande de retour en France n'a été présentée. Six familles de la division de Bône ont demandé à renoncer au bénéfice de leur position et sont reparties pour la France à leurs frais. L'état sanitaire est partout satisfaisant ; aucune fièvre, aucune maladie particulière au pays ne s'est encore déclarée. Des écoles primaires distinctes pour les garçons et pour les jeunes filles ont été établies dans les centres de la subdivision de Bône ; leur direction a été confiée à des instituteurs et à des institutrices choisis parmi les émigrants, et qui étaient munis de diplômes délivrés en France. Les constructions définitives ont été entreprises dans toutes les colonies. Elles sont le plus avancées dans le cercle de Philippeville, qui a reçu les premiers convois. Partout les fours à chaux, les briqueteries, les fours banaux, les maisons de secours ont été construits. On presse les travaux avec la plus grande activité, afin que la majeure partie des émigrants puisse être logée définitivement avant l’époque des chaleurs. L'ensemble de ces renseignements permet d'apprécier la situation favorable dont jouissent les nouvelles colonies; aucun moyen ne sera négligé pour que cet état de choses tende à s'améliorer. On doit reconnaître cependant que les colons n'ont point encore eu à lutter devant les véritables difficultés de l'entreprise. jusqu'à présent, en effet, leurs efforts se sont appliqués aux seuls soins du jardinage ; mais bientôt les travaux de la récolte, plus tard ceux des labours et des semailles soumettront leur courage à de plus rudes fatigues." |
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1850 - Barral, juste après Mondovi. | ||
Barral Mondovi le haut avait été créé parce qu’on s’est très vite aperçu que la surface allouée aux colons était insuffisante. Les terres de ce centre étaient ingrates et ne permettaient pas la culture de céréales. On y implanta donc du tabac et des oliviers dans des conditions d’insécurité plus grandes qu’à Mondovi. En 1850 Barral comptait 338 habitants. Mondovi en comptait 335. Après Barral la ligne de chemin de fer passait par St Joseph pour atteindre Duvivier. Là, une correspondance permettait d’emprunter la ligne qui menait à Guelma ou de continuer sur Souk Ahras, la ville de naissance de St Augustin dont le nom d'origine était Thagaste. Plus au sud , l’exploitation minière de l’Ouenza
Les travaux d'extraction du minerai ont été entrepris en 1921 à l'Ouenza .
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1850 - L'Almanach du laboureur algérien. | ||
Une grande proportion de colons qui s'installent à Mondovi, comme dans les autres colonies, sont des citadins qui ne connaissent pratiquement rien de la vie d'un agriculteur. Bien que l'armée soit là pour aider les nouveaux arrivants, le gouvernement édite une brochure qui tient lieu d'almanach dont le but est de suggérer les activités à mettre en oeuvre tout au long de l'année. Cette brochure est publiée sous l'appellation d'Almanach du laboureur algérien. Pour chaque mois, une série de conseils est listée : Janvier : "Travaille à tes plantations" Février : "Ferme ton jardin d'une haie de cactus, imite en cela les Arabes". Mars : "Plante ton tabac dès que ton semis aura huit feuilles". Avril : "Surveille ta vache et ta jument. Si elles sont en humeur, fais les couvrir tout de suite." Mai : "Voici venir la pénible saison des foins et des moissons." Juin : "Soigne bien tes fossés d'arrosage, ne laisse rien perdre de ton eau" Juillet : "Emeule ta paille". Août : "Attention aux fièvres." Septembre : "Prépare des abris pour un porc, des poules, des lapins, des pigeons." Octobre : "Presse tes boeufs, active tes labours, voici bientôt le moment des semailles." Novembre : "L'époque des plantations commence." Décembre : "Plante tes arbres...le figuier est de tous les arbres à fruits celui que tu dois multilier le plus. Voici la plage complète de l'Almanach concernant le mois d'Août. Si tu as fini les foulaisons prends ta charrue et retourne celles de tes terres qui étaient en céréales et que tu veux encore semer en automne. Ne te laisse pas dire que la terre est trop sèche ou trop dure? Ce labour sera difficile, mais il vaudra de l'engrais. Voici le moment de sécher ton tabac. Ne le ceuille que bien mûr, sans cela tu perdrais en poids et en qualité. Si ta maison n'est pas assez grande, sèche le sous des arbres ou même au soleil par terre en ayant soin de le surveiller tous les jours et de ne pas le laisser trop longtemps. Fais ta récolte de maïs et achève d'écimer celui qui ne le serait pas encore. La saison des fièvres est venue. Ecoute bien ici quelques conseils d'hygiène que tu devras suivre toute l'année. Ne sors pas à jeun. Le café pour le repos du matin est très salutaire dans ce pays. Ne reste pas au soleil la tête nue, n'y laisse jamais aller tes jeunes enfants. Ne t'attarde pas trop le soir dans les champs. La fraîcheur des soirées est dangereuse. Bois peu et chosis bien ton eau. Prends du vin avec sobriété. Mets une ceinture de laine. Si tu te sens mal à l'aise, la tête lourde et les jambes faibles, c'est un indice de fièvre. Ne l'attends pas, prends un peu de quinine, et sur toute chose ne te laisse pas abattre.L'activité chasse la fièvre.Il est quelque chose de plus dangereux que le fièvre; quelque chose qui la donne et empêche d'en guérir, c'est l'indolence, la paresse. Le meilleur remède contre la fièvre c'est l'énergie.
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