Les évènements hors du vill age       La période de 1851 à 1860.


1851 
   Saint-Arnaud conquiert la Petite Kabylie.
 
1852     (21 janvier) Nouvelle constitution de la France - Louis Napoléon Bonaparte est Prince Président
               (29 février) Victoire absolue de Louis Napoléon aux élections législatives (257 sièges sur 260)
               (21 novembre) Plébiscite approuvant le értablissement de l'Empire (7 824 189 voix contre 253 145)
 
 
1857     Randon occupe la Grande Kabylie.
 
1858 Un article sur Abd-el-Kader
 
1858  Un article sur Bugeaud
 
1860     Premier voyage de Napoléon III en Algérie










   Histoire du village année par année.                                                              La période de 1851 à 1860.
 
1851 Le cimetière est ouvert
 
 
 1852 Abd-el-Kader libéré
 
 
1852 Ouverture des locaux administratifs.
 
 
1852  Témoignage : histoire de lion
 
1853  Des évènements tragiques et décourageants
 
 1860 - Le temps des diligences
 
 
 
 
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   1851 Le cimetière est ouvert.   
 Le cimetière est ouvert en 1851

Il était malheureusement impossible d’imaginer la création d’une commune sans envisager le cimetière.
Les premières victimes de Mondovi furent des enfants en 1848. Une dizaine sont victimes d'on ne sait quel mal. Est-ce à cause des conditions de vie, de la malnutrition ?  Les médecins qui officient sur la colonie sont incapables de le dire.  Comme dans beaucoup de communes autrefois, on décide d'enterrer les morts près du futur emplacement de l'église, c'est à dire au centre de la colonie. 

L'emplacement définitif du cimetière a été choisi à l’écart du village. Pour s'y rendre il fallait sortir du village vers  Penthièvre, passer le passage à niveau de la voie férrée et prendre le chemin sur la droite qui menait directement à ce lieu de repos éternel.
Dans ce cimetière sont encore enterrés mes deux grands pères.
Le lieu était suffisamment loin pour que nos  parents trop soucieux  de notre sécurité, nous interdisent d’y aller seuls, surtout au moment des évènements.
Je me souviens cependant avoir passé de merveilleux moments durant les années cinquante et surtout lors de la retraite de la communion avec des camarades. Il y avait, avec nous, le curé (Galéa) qui choisissait régulièrement ce champ face à l’entrée du cimetière pour permettre libre cours à nos ébats de jeunes garçons fous.

Fous nous l’étions puisque nous entamions l’âge ingrat de l’adolescence avec en ligne de mire le lycée qui nous attendait à Bône.

Je me rappelle ce jour où deux immenses meules de paille étaient implantées  juste en face  du portail. Notre premier exploit avait été de tenter l’ascension des meules pour nous asseoir au sommet. Inutile de vous dire combien  la courbe de la meule avait évolué. Elle finit par  former, à la base, un tas de paille qui nous servit  de réceptacle lorsque nous décidâmes de nous lancer depuis le sommet. Je me suis, par la suite, souvent posé la question de savoir si le curé connaissait le propriétaire de la paille...

A deux pas, derrière le mur d’enceinte du cimetière, mes deux grands-pères devaient nous entendre crier. Ma jeunesse insouciante a occulté la possibilité d’un recueillement même furtif. Il faut dire qu’à cette époque j’étais loin de penser qu’un jour ils mourraient une deuxième fois parce qu’abandonnés de tous.

Ils sont maintenant de l’autre côté de la mer livrés au bon vouloir des gérants du lieu. 

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   Le temps des diligences                                 
 par Louis Arnaud
 
Diligence

"Les hommes et les choses passent, ils ne laissent qu'un souvenir; un souvenir qui, à son tour, s'effacera lentement, et finalement, il ne restera plus rien de ce qui faisait le charme de la vie d'autrefois. La vie trépidante d'aujourd'hui, les chemins de fer, les automobiles, les avions, laissent à peine transpercer le souvenir de cette époque si calme et si paisible que l'on appelle encore « Le Temps des Diligences ». Le monde est pris par la tourmente,
le progrès l'emporte, le transporte.
Le Passé est aboli par la vitesse. et le vertige qu'elle provoque, annihile l'effort qui pourrait rappeler le souvenir.
Et pourtant, ce passé n'est pas loin, derrière nous, et certains se souviennent encore, d'avoir connu à Bône, ce temps des diligences, qu'on pourrait croire tenir à un temps de légende, tant ce mode de locomotion parait archaïque à côté de nos actuels et luxueux sleepings et wagons-restaurants, de nos avions confortables et de nos autocars commodes et rapides.

De Bône, en effet partaient autrefois, - un autrefois relativement récent des services de diligences, réguliers et quotidiens, qui reliaient notre port à Jemmapes, La Calle, Sédrata et Ain-Bàida, qui n'étaient pas encore pourvues de liaisons ferroviaires avec le reste du Département.

Ces diligences, voitures énormes, monstrueuses presque, attelées de six chevaux, à la croupe ronde et lustrée, soigneusement et solidement harnachés, partaient à la tombée du jour, les unes de la Pelleterie - Bourrellerie SASS, à l'angle de la rue de Tunis et de la Place d'Armes, les autres, de la Buvette Bônoise, au commencement de la rue Saint-Augustin, entre la rue du Quatre Septembre et la rue Héliopolis, qui était tenue par Natal CAMILLERI, lui-même propriétaire de diligence faisant le service de B6ne à Guelma et Souk-Ahras. D'autres enfin, pour Ain-Beïda. partaient de l'ancien café Couronne, exactement en face de l'Hôtel d'Orient et tout près du Crédit Lyonnais.

On pouvait lire encore après la guerre 1914-1918, sur les colonnes des arcades, devant ce café, les indications des itinéraires et heures de départ des diligences. Chaque départ était une véritable attraction pour les enfants et les gens du quartier.

Lorsque tous les voyageurs étaient à leurs places, que tout était prêt pour le départ, le cocher, coiffé de son énorme bonnet de fourrure, enfoncé jusqu'aux oreilles et vêtu de son lourd manteau, allait se jucher sur son siège. De là, dominant la foule des badauds, il faisait claquer, en virtuose, la large lanière de son fouet, par dessus la tête des hommes et la croupe des six chevaux qui frémissaient sous les « clic - clac » sonores et ne demandaient plus qu'à s'élancer sur la route. Puis brusquement, d'un seul coup, le cocher qui tenait, bien rassemblées et bien tendues, les quatre rênes commandant l'attelage, rendait la main et faisait claquer une dernière fois son fouet et les chevaux partaient au grand trot et , aussi, au grand bruit des grelots sonores dont leurs harnais étaient abondamment garnis. "


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    1852 Abd-el-Kader est libéré par Napoléon 3   
 Napoléon 3 reçoit Abd-el-Kader
                                    Napoléon III reçoit Abd el-Kader au palais de St Cloud
                                                                                                         bas-relief de J.B.Carpeaux


Le 16 septembre 1852, Napoléon III rend la liberté à celui qui vient de passer plusieurs années en résidence surveillée à Toulon, à Pau et Amboise. Avant de prendre le chemin de l’exil, richement pensionné par un empereur devenu son ami, Abd el-Kader arrive à Paris et devient « le lion de nos réjouissances publiques », pour reprendre les termes d’un journaliste de l’époque. Dans la loge impériale de l’Opéra où l’on donne le Moïse de Rossini, Napoléon III embrasse le « Vercingétorix algérien ». Le Tout-Paris s’émeut, applaudit à tout rompre. Pendant deux semaines, nimbé d’une extraordinaire popularité, l’émir est véritablement la coqueluche des Parisiens. Pour montrer la tolérance de l’islam, il se rend à Notre-Dame, à la Madeleine et à Saint-louis des Invalides. Reçu par tout ce que Paris compte de sociétés savantes et par le Grand Orient de France, il estime que religion et raison ne sont pas antinomiques. En 1867, sur l’invitation de l’empereur, il retrouve le Paris de l’Exposition universelle et est reçu avec faste par les autorités françaises. Âgé et fatigué, il décline alors l’offre de Napoléon III qui lui propose d’être le monarque d’un « Royaume arabe » de Syrie
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   1852 Ouverture des locaux administratifs   
 Ouverture des locaux administratifs.
Les locaux administratifs au fond de la place du village.

 

Quatre ans seulement se sont écoulés depuis que les « aventuriers » du 11ème convoi ont entrepris de créer le village   et déjà le centre « névralgique » de la cité est né.

La mairie, le bureau de poste… je devrais dire les PTT (Poste Télégraphe Téléphone) et ce qu’on appelait la Justice de Paix peuvent entrer en fonction.

Ouverture des locaux administratifs.
Le personnel de la poste posant sur la place du village devant les locaux des PTT.

L’ensemble est situé au cœur du village sur un emplacement qui est prévu pour créer une grande place sur laquelle seront données toutes les cérémonies.

Est-ce une coïncidence ou cela avait-il été prévu de longue date,  la même année le pouvoir civil remplace le pouvoir militaire. Le premier maire de Mondovi prend ses fonctions.

Sur la place se déroulait la fête du village. Elle fut interrompue au moment des « évènements » par crainte d’attentats.
Pour aller de la mairie à l’église les jeunes mariés n’avaient qu’à traverser la rue nationale.

Ouverture des locaux administratifs.
Cortège traversant la rue nationale pour se rendre de la Mairie à l'église.
 

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   1852 - Témoignage : histoire de lion...
 

UN LION TUÉ EN ALGÉRIE

 

par

LE Dr GUSTAVE DUFOUR,

Médecin aide major de 1ère classe au régiment des cuirassiers de la garde impériale.

Imprimé par

 HENRI ET CHARLES NOBLET,
Rue Saint-Dominique, 56. PARIS,

1856

 

 A Mondovi, une des rues était la "rue du lion". Les anciens du village racontaient qu'ils avaient toujours entendu dire que des lions passaient par là pour se rendre au bord de la Seybouse. Voici un écrit qui le confirme...

 

 

…Pendant un séjour de plusieurs mois dans les colonies agricoles de Mondovi et de Barrai, près de Bône. j'ai pu me convaincre que le lion n'était nullement intimidé par les habitations de l'homme, et qu'il ose lui enlever ses plus précieux animaux domestiques. Le fait que je vais relater m'a paru offrir, sous ce point de vue, un intérêt particulier; en outre, il n'est peut-être pas indigne d'être consigné dans les annales de la science, parce que la capture de ce lion tué à l'état de liberté a été suivie d'un examen nécroscopique.

Quelques mots d'abord sur l'habitat et les sites parcourus régulièrement par notre redoutable quadrupède. Les villages de Mondovi et de Barrai ont été bâtis, en 1850, sur la rive gauche delà Seybouse : Mondovi, sur une partie enfoncée de la plaine; Barrai, sur le flanc d'une montagne qui domine là gorge des Beni-Salah. Entre les deux villages, qui sont distants de six kilomètres, s'étend une plaine où les bras de nos colons font aujourd'hui prospérer de beaux champs de maïs, de blé, de tabac, etc. Entre la rive gauche de la Seybouse et les terres cultivées, une forêt, à contours sinueux comme le fleuve, offre de nombreuses retraites aux bêtes fauves. Le tremble, le saule, l'olivier, le laurier-rose, le jujubier sauvage, le tamarin sont les principaux arbres ou arbustes qu'on y rencontre; le ricin y naît spontanément et acquiert des proportions gigantesques. Des broussailles très épaisses forment des fourrés qui abritent de nombreux quadrupèdes : lion, panthère,chat-tigre, chacal, raton, sanglier. Sur le bord sablonneux de la Seybouse, on découvrait facilement les traces de leur existence ; parmi ces traces, celle du lion se distinguait nettement par la large circonscription orbiculaire de ses quatre empreintes. C'était d'une des ténébreuses retraites de cette forêt que le lion sortait vers le déclin du jour, pour parcourir les alentours des villages ; il marchait de préférence dans les sentiers battus ou sur les terres labourées ; car il évite avec soin les endroits hérissés de plantes épineuses.

Poussé par l'aiguillon de la faim, il se soucie peu de l'état de l'atmosphère: les nuits les plus obscures et les plus tourmentées du mois de février étaient" celles qu'il choisissait pour commettre ses plus cruelles déprédations.

Les divers tons de sa voix annonçaient au loin la direction de ses pas. Dès que la voix du lion a grondé, les chiens des douars voisins et ceux des villages cessent leurs aboiements; les animaux attachés ou parqués dans les gourbis (étables) ne se font plus entendre : l'homme lui-même, sous la tente ou dans sa maison, sent courir un léger frisson. La voix du lion avait deux tons très distincts : tantôt c'étaient des expirations sourdes qui me rappelaient le souffle saccadé des locomotives à vapeur; tantôt, le rugissement proprement dit, c'est-à-dire, selon les expressions de Bufïon, un cri prolongé, une espèce de grondement d'un ton grave, mêlé d'un frémissement plus aigu.

Les troupeaux des indigènes étant plus exposés que ceux des colons aux attaques nocturnes, c'était sur les bœufs ou sur les mulets des douars arabes que tombait ordinairement la griffe du Carnivore. Plusieurs fois pourtant les sentinelles de Mondovi et de Barrai l'avaient vu promener, à quelques pas du fossé d'enceinte, sa démarche lente et fière. Pendant une des nuits d'ouragan qui ont signalé, dans cette contrée, la fin du mois de février 1852, il laissa dans le village de Mondovi la trace sanglante de sa visite. Vers trois heures du matin, on entendit son souffle résonnant autour des maisons et des gourbis. Un bœuf attaché dans une de ces étables mal fermées fut tellement effrayé par l'approche du lion, qu'il brisa sa corde et s'échappa ou fut emporté par son terrible ennemi. L'obscurité de la nuit était telle, que personne n'osa se risquer à venir troubler l'immolation de l'infortuné ruminant. Dès le malin, on s'empressa de rechercher les traces du lion ; sur le terrain détrempé par la pluie, on les suivit facilement depuis le gourbi dégarni jusqu'auprès de la porte de Bône, dans une étendue de cent mètres. L'animal avait franchi les haies des jardins par bonds successifs et en ligne presque droite jusqu'au lieu où gisait le bœuf à demi dévoré près d'une mare d'eau. La victime avait-elle été saisie dans le parc même et emportée par le robuste carnassier dans sa course bondissante? ou bien, le bœuf s'étant échappé par les sentiers tracés et le long du rempart, le lion avait-il coupé en diagonale, sous le côté inférieur du vent, et atteint sa proie au lieu même où nous en trouvâmes les débris? La seconde hypothèse m'a paru être la plus admissible. Le cadavre du bœuf gisait sur le côté gauche, la tête dans une extension forcée, les pattes étendues et rigides, la poitrine et le ventre largement ouverts comme pour un examen nécroscopique; la cavité pectorale était dégarnie de ses viscères; le diaphragme et le foie avaient été engloutis; la masse intestinale avait été extraite en partie et négligée; mais les muscles psoas-iliaques (aloyau) n'existaient plus; l'os iliaque et le fémur, vers son extrémité supérieure, étaient comme dénudés, sans que pourtant la peau de la région de l'aine fût entamée. Le cou, la tête, le dos, les membres étaient intacts. Je n'ai remarqué sur la région cervicale antérieure aucune trace sanglante qui indiquât la jugulation préliminaire du ruminant.

Le jour même de cette audacieuse visite, les habitants du village songèrent sérieusement à se défaire d'unanima! qui devenait, pour les colons comme pour les Arabes, une cause d'effroi et de ruine, l e cadavre du bœuf fut traîné, le soir, à cent pas de la porte de Bône; un chevreau attaché tout près fut offert en victime plaintive, et des colons armés se placèrent en embuscade sur les murs des portes du village. Les accents terribles furent plusieurs fois entendus; mais le lion se tint, ce soir-là, à distance si respectueuse, que personne ne l'aperçut.

Quelques jours après cette embuscade générale et inutile, tout le village fut mis en émoi, dès le malin, par la nouvelle de la capture si convoitée.

Le lion parlait ordinairement du bois de la Seybouse, et venait à la maraude sur un coteau dominé par la ferme Monjol, à un kilomètre du village. Le régisseur de cette ferme, M. Frechon. colon de Mondovi, l'avait observé très souvent.

Dans la nuit du 3 au 4 mars, vers onze heures, la lune étant encore brillante, il s'embusqua sur un des murs de la ferme élevé de trois à quatre mètres au dessus du sol ; il aperçut bientôt le lion qui s'acheminait lentement vers un mulet mort et exposé depuis deux jours à sa voracité. 11 le laisse approcher à quinze pas et fait feu ; le projectile était une simple balle de calibre : le lion s'affaissa subitement comme sidéré par une décharge électrique ; la colonne vertébrale avait été fracassée. Le rugissement de douleur et de rage poussé par l'animal fut, au dire des témoins, épouvantable. A tout instant il se redressait sur ses pattes de devant pour essayer de bondir vers le lieu d'où la lumière avait jailli ; mais le levier de la locomotion était brisé; le plomb mortel avait cloué sur place le roi des animaux. L'adroit tireur jugeant que, malgré la gravité certaine de la blessure, un pareil adversaire ne devait pas être épargné, l'ajusta de nouveau au défaut de l'épaule gauche et précipita ses terribles angoisses. L'agonie dura près d'une heure: au grondement de sa voix expirante se mêlait le bruit des arbustes qui craquaient sous ses dents.

Dès le point du jour, le bruit de la capture se répand dans les douars voisins; les Arabes arrivent en foule, à pied, à cheval, pour féliciter le chasseur ; hommes, femmes et enfants veulent tous lui baiser la main ou l'épaule, en lui donnant mille marques de joie et les titres les plus flatteurs. « C'est bien, Français, tu es à nos yeux un vrai marabout, un grand sultan ! tu as tué le saïd ! • Et les Chevaux effarouchés piétinaient, bondissaient autour de l'énorme bêle, dont la vue et l'odeur les épouvantaient. On la hisse sur une charrette que des bœufs emportent avec frayeur à travers la plaine : une vingtaine de cavaliers arabes escortent jusqu'au village le chasseur et sa glorieuse conquête. Toute la population accourt pour admirer la noble physionomie, les yeux encore brillants d'un reflet de vie, la crinière courte mais bien fournie, les griffes et la queue, ce cinquième membre du lion. Chacun commente sur l'âge, les dimensions, le poids, les blessures. De l'extrémité de la queue au bout du museau, la longueur est de deux mètres cinquante centimètres. Les canines de la mâchoire supérieure sont longues de six centimètres…

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   1853 - Des évènements tragiques et décourageants
 

Récit "glané sur" le "net ".


   …   
A quelque temps de là, un tragique événement vint alarmer tout le village. Au nombre des habitants installés depuis la première heure, se trouvait M. Roulleau, voiturier, qui tenait l'Hôtel du Roulage, et se chargeait des transports pour tout le monde. En vue de loger ses bêtes, il avait construit une bonne écurie-remise en pierre, chaux et sable.
          Deux de ses fils, gars vaillants et solides, travaillaient avec lui. Le troisième s'était engagé comme matelot. Or, au matin d'une nuit sombre et pluvieuse, on constata que des malfaiteurs avaient percé un mur d'un demi mètre d'épaisseur, et qu'une fois dans l'écurie, ils avaient réussi à en faire sortir quatre chevaux ou mulets pour les voler. Le hasard avait voulu que, pendant cette opération de brigandage, l'un des fils Roulleau, qui couchait dans la paille de la remise fît un mouvement. Et c'est alors qu'averti de sa présence, un des bandits s'approcha du dormeur et le tua à bout portant d'un coup de feu. Le malheureux jeune homme n'avait pas reçu moins de dix chevrotines. Qu'on juge du désespoir de ses malheureux parents et de la consternation dans laquelle ce crime odieux plongea la population tout entière!
          Cet attentat n'était pas fait pour augmenter nos chances de sécurité déjà si minces. Après les méfaits des lions, c'étaient maintenant les u fauves à deux pattes ", comme nous appelions les bandits en burnous qui se risquaient en plein Mondovi pour piller, razzier et assassiner les nouveaux Colons jusque dans leurs demeures.

Qu'allions-nous devenir? C'était la question que l'on se posait dans toutes les familles, surtout lorsque, quelques semaines après l'affaire Roulleau, un crime plus abominable encore vint mettre le comble à nos angoisses et à notre indignation.
          Il y avait de quoi. Figurez-vous que la femme d'un colon, étant sur le point de faire ses couches, avait dû se rendre à Bône en compagnie de quelques personnes du centre qui profitaient de ce même convoi. En cours de route - c'était la nuit - le véhicule vint à s'embourber et il fut impossible de le tirer du marécage. Les voyageurs furent contraints de s'en retourner à pied pour chercher du renfort.
          Mais la jeune femme, ne pouvant effectuer ce chemin en raison de son état, avait dû rester seule dans le char en attendant leur retour.
          Fatale imprudence ! Quand on revint, on trouva la malheureuse éventrée et odieusement mutilée. Les seins avaient été coupés, et les moukères ayant participé à ce forfait sans nom s'étaient acharnées comme des hyènes sur le cadavre de la victime.
          Drame affreux, qui montrait une fois de plus la haine farouche de la population musulmane à l'égard de tout ce qui était français.
          Au reste, nous n'en avions pas encore fini avec les pillards et autres bandits du bled. Après le fils Roulleau, ce fut le colon Loizauté qui tomba sous les balles des perceurs de murailles. Ayant entendu un bruit insolite pendant la nuit, il s'était levé et, sans méfiance comme sans arme, il avait ouvert la porte de son habitation pour se rendre compte de ce qui se passait. A ce moment, il aperçut plusieurs Arabes occupés à voler son bétail.

          Suivant leur habitude, les malfaiteurs avaient posté un de leurs complices pour faire le guet. Avertis par celui-ci de l'arrivée du propriétaire, ils se mirent sur leurs gardes, si bien que lorsque Loizauté, qui était un véritable colosse, courut sur eux en chemise, ils l'étendirent raide sous une décharge de leurs fusils et disparurent avec leur butin. On ne retrouva jamais la trace des criminels.
          Quelques mois ne s'étaient pas écoulés que le fils Campagne, de Barral, était l'objet d'un attentat non moins tragique. Voici dans quelles circonstances.
          M. le Vicomte Augier faisait alors construire un rendez-vous de chasse dans sa propriété sise près du Centre voisin de Saint-Joseph, et il y avait sur les lieux un grand nombre d'ouvriers. Le fils Campagne approvisionnait la cantine chargée du ravitaillement de tout ce monde.
          Le sachant porteur d'une forte somme d'argent, des indigènes s'embusquèrent sur son passage, l'assaillirent et le laissèrent pour mort sur le chemin, après l'avoir frappé de onze coups de poignard et dépouillé de sa sacoche.

          Le malheureux fut retrouvé dans une mare de sang, tant il avait reçu d'affreuses blessures. Cependant, il respirait encore, et on le transporta chez ses parents, à - Barral, où le docteur militaire de Mondovi, M. Dufour, fut appelé d'urgence.
          Toutes les plaies de la victime paraissaient mortelles et laissaient peu d'espoir de guérison, mais l'habile praticien se montra si assidu et si dévoué, se rendant jusqu'à deux fois par jour au chevet de ce brave garçon, qu'il parvint à le sauver. En présence d'un pareil miracle, les habitants de la région voulaient porter le docteur en triomphe.

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   1856- Le Marabout Sidi Hameda.

On sait qu le mot Marabout désigne, outre l’oiseau, échassier des régions tropicales, la personne nantie de pouvoir de voyance ou de guérison en même temps que religieux respecté de tous temps par le peuple arabe. Marabout désigne aussi l’édifice sous lequel exerce ou est enterrée cette personne.

Le Marabout Sidi Hameda
Marabout

Mondovi a été créé à côté d’un marabout qui porte le nom de Sidi Hameda.  Des cartes permettent de situer exactement son emplacement.

 Le Marabout Sidi Hameda

Sur une carte italienne datée de 1848, année où les colons sont arrivés sur les lieux, le Camp de Dréan est indiqué et on retrouve la fameuse région des Beni Salah, tribus qui, par leur attitude belliqueuse ont posé bien des problèmes aux colons de Mondovi le Haut qui devint Barral.
 Sur une autre carte, datant aussi de 1848, Mondovi est indiqué ainsi que  le marabout de Sidi Hameda.

Le Marabout Sidi Hameda

Sidi Hameda abritait le tombeau du marabout portant le même nom. En ce lieu, les arabes adeptes de la même religion qu’Abd el Kader se rendaient en pèlerinage pour honorer le religieux. A cette occasion ils apportaient des offrandes (victuailles, soieries chatoyantes, plats cuisinés, cierges, huile de lampes, produits servant aux fumigations, draperies, parfums etc…) qui servaient à entretenir les lieux. Lorsque des moutons étaient abattus, il était de coutume que le gardien du marabout reçoive les dépouilles qui lui servaient de revenus. En échange des offrandes, les pèlerins imploraient le marabout de les protéger  ou de les désenvoûter. Les premiers militaires arrivés sur les lieux ont trouvé, attenant au marabout un terrain parsemé de tombes qui étaient vraisemblablement celle de dignitaires religieux ou de la famille du marabout. C’est sur ce terrain que les « gens du voyage » s’installaient le temps de leur pèlerinage.

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   1858 - Un article sur Abd el-Kader

 

Un émir de la tribu bédouine de Hashem Garabo, dans la province d'Oran et de la partie occidentale de l'Algérie, descendant d'une ancienne famille de marabouts qui pouvait tracer ses origines aussi loin que les califes de la dynastie des Fatimites. Son nom en entier est Sidi el Hadji Abd el Kader Oulid Mhiddeen. Il naquit en 1807 près de Mascara, et fut éduqué dans un collège pour apprendre la théologie et la jurisprudence. Son père, Mhiddeen, émir ou prince de Mascara, jouit de son vivant de la plus haute réputation de sagesse et de sainteté, à un degré tel que sa maison fut un asile pour les débiteurs et les criminels. Son influence souleva les appréhensions du gouverneur turc d'Oran qui craignit qu'il veuille renverser la domination turque. Pour éviter l'inimitié du bey, Mhiddeen fit un pèlerinage à La Mecque. Il mourut en 1834 d'un poison qui lui fut administré par Ben Moosa, chef des Maures de Tlemcen. Abd el Kader avait accompagné son père à La Mecque et acquit ainsi le titre de El Hadji (le saint). On dit qu'il manifesta tôt des capacités dépassant son âge ; il lisait et écrivait aisément l'arabe, et pendant son pèlerinage il apprit l'italien et plus probablement le sabir. En 1827 il visita l'Egypte et passa quelque temps à la cour de Mehemet Ali, étudiant les réformes et le nouveau système de ce politicien astucieux. Son extérieur noble et avenant, ainsi que son affabilité et ses manières simples lui conquirent l'affection de ses compatriotes, tandis que la pureté de ses moeurs lui valut leur respect et leur estime. Il fut le plus accompli des cavaliers arabes, un parfait soldat, et le plus brave parmi les braves. L'occupation d'Alger par les Français ne rencontra qu'une faible résistance de la part des Turcs, mais elle souleva le furieux esprit d'indépendance des tribus indigènes, et après voir versé des flots de sang et dépensé des millions, les Français ne détenaient guère que le sol occupé par leurs propres garnisons.

En 1831, Abd el Kader, le plus formidable de leurs opposants, s'efforça de consolider les tribus en organisant un système de résistance. Son frère aîné était déjà tombé lors d'un conflit avec les Français, au moment où, à la tête de sa propre tribu et des tribus voisines, il commençait à les harasser, évitant tout engagement, et se contentant de surprendre leurs avant-postes et de couper leurs convois. Dans le printemps de 1832, le général Boyer, commandant d'Oran, lança une offensive sans résultat contre Tlemcen, place forte d'Abd el Kader.

Ceci encouragea l'émir à entreprendre des opérations plus décisives et, à la tête de 5.000 Bédouins, il ravagea la province d'Oran et menaça la ville elle-même, sommant les Français d'évacuer le territoire. Son courage et son audace lors de cette expédition, bien qu'elle ne fut suivie d'aucun résultat positif, lui valut l'admiration des Arabes : Trente-deux tribus se déclarèrent immédiatement en sa faveur, et il fut élu chef des croyants en décembre 1832 alors qu'il avait seulement 23 ans. Il se trouva ainsi placé à la tête de 12.000 guerriers avec lesquels il fit le blocus de la ville et intercepta toutes les communications. En avril 1833, le général Desmichels, successeur de Boyer, fit une sortie et mit en pièces un grand nombre de Garabats. Apprenant ce désastre, Abd el Kader avança à nouveau sur Oran, mais sans succès ; et le 7 mai, les Français assiégèrent la ville d'Arzew, un des postes qui permettait au chef arabe de garder une voie de communication par mer. Cependant, ces revers ne modifièrent en rien la réputation d'Abd el Kader auprès de ses compatriotes.

Il occupa Tlemcen, puis avança sur Mostaganem, ville en possession des Turcs, jusqu'au nord-est d'Arzew ; mais les Français devancèrent ses opérations, et s'emparèrent de Mostaganem. Le général Desmichels s'efforça alors de saper la puissance d'Abd el Kader, et d'amener les tribus indigènes à reconnaître la suprématie de la France. Il réussit à enlever la smahla d'Abd el Kader, défaite dont ce dernier se vengea bien par la suite. En décembre 1833 et en janvier 1834, Abd el Kader, surtout à cause des désertions qui se produisirent dans son camp, essuya de sérieux échecs, et fut contraint de conclure la paix avec les Français. Il demanda l'échange de prisonniers et la protection de tout résident ou voyageur européen ; tandis que les Français le reconnaissaient comme prince indépendant, et s'engageaient à l'aider à maintenir son autorité sur ses propres tribus, lui, de son côté, ne devait pas intervenir dans celles qui étaient sous protection française. Abd el Kader s'occupa alors de reprendre son influence sur les tribus qui avaient été quelque peu ébranlées par ses échecs ; il s'efforça aussi d'introduire les méthodes et la discipline européennes parmi ses troupes.

Un puissant chef du désert, Moussa el Sherif, eut assez d'audace pour se mesurer à Abd el Kader dont il jalousait la puissance grandissante. L'émir prit prétexte de ces hostilités pour franchir le Cheliff (frontière que lui avait assignée le traité) et châtier l'insolence de son rival. Cette expédition confirma sa réputation, et plusieurs tribus du désert se rallièrent, le reconnaissant comme sultan.

Il profita de son pouvoir ainsi accru pour établir la sécurité des transports publics, pour réformer les abus grossiers des cours de justice et pour assurer les droits de la propriété. Dans l'espoir d'obtenir des ressources financières, il accorda à un Juif nommé Durand un monopole de commerce intérieur et extérieur sur son territoire, ce qui lui procura un revenu immédiat et lui permit d'intervenir dans l'approvisionnement des garnisons et des colons français. Le gouvernement français s'alarma bientôt et, rappelant Desmichels qu'il désapprouvait pour son manque d'énergie, nomma à sa place le général Trézel commandant d'Oran. On ne mit pas longtemps à trouver un prétexte pour de nouvelles hostilités. En 1835 les chefs de smahlas et des douars, qui s'étaient placés sous protection française, demandèrent l'intervention de Trézel contre Abd el Kader, qui avait insisté pour qu'ils renoncent à leur alliance avec les Français. Avec ses troupes, le général Trézel avança vers Mascara. Il fut surpris dans sa marche par Abd el Kader dans le défilé de Mouleh Ismael, et dut se retirer sur Arzew après avoir perdu un canon, son train et avec près de 600 blessés ou tués.

Abd el Kader adressa une lettre de justification au comte d'Erlon, gouverneur d'Algérie, dans lequel il rejetait toute la responsabilité des récents événements sur le général Trézel.

En même temps, il envoya des messagers dans toutes les tribus pour leur montrer l'insolence et la traîtrise des Français et les appeler à se rallier à lui pour une protection mutuelle. Le maréchal Clauzel fut alors envoyé à Alger comme gouverneur, avec des instructions pour écraser Abd el Kader d'un seul coup ; celui-ci, de son côté, entièrement au courant de ce qui se passait, ne fut pas long à affronter ses ennemis. Il promulgua les dénonciations les plus terribles contre tous ceux que l'on trouverait partisans des Français ou leur fournissant des vivres. En conséquence, les garnisons et les avant-postes français étaient presque affamés et ne pouvaient obtenir de nourriture que par des razzias dans lesquelles amis et ennemis étaient traités de la même façon.

L'émir rassembla plus de 50.000 hommes et, par ses manoeuvres, il parvint à repousser l'avance française jusqu'à la saison des pluies. Ce n'est qu'en novembre que les Français, dans leur marche contre Mascara, arrivèrent à Oran. Mostaganem et Arzew étaient occupées par de nombreuses garnisons et Clauzel avança en pays ennemi avec 13.000 hommes. Après plusieurs jours de combats incessants, il parvint à Mascara le 6 décembre, et se vengea d'Abd el Kader en faisant de cette ville un monceau de ruines.

Une fois réussi cet exploit odieux, les Français furent contraints de se retirer à nouveau. Ils prirent ensuite Tlemcen, en janvier 1836, l'occupèrent, puis retournèrent à Oran. Bien qu'ils aient vaincu les Kabyles en une seule bataille, l'infatigable émir ne cesse de harasser leur retraite qu'ils n'effectuèrent finalement qu'après de sérieuses pertes. Ce mode de guerre sauvage et criminel, qui n'était rien de plus qu'un système de raids, n'eut aucun résultat positif pour les Français. Dès que l'armée se fut retirée, les habitants de Tlemcen se dressèrent contre la garnison française dont les convois furent coupés, et le général d'Arlanges, commandant en second, reçut l'ordre d'établir un camp fortifié sur la Tafna dans le but de couvrir Tlemcen et de garder libres les voies de communication entre ce poste et les endroits favorables aux Français. Il avança avec 3.000 hommes tandis qu'une autre division de 4.000 hommes était envoyée par mer.

Quand il arriva à environ huit kilomètres de Tlemcen, il fut attaqué par Abd el Kader et 10.000 Arabes et repoussé dans son camp fortifié où il fut enfermé et forcé de rester jusqu'à ce que Bugeaud à, la tête de 4.000 hommes vienne le délivrer. Abd el Kader répandit le bruit que la cause française était perdue, et, par ce moyen, souleva les tribus arabes à un tel point de fanatisme qu'elles se levèrent en masse contre l'envahisseur détesté. Le général Bugeaud prit alors le commandement. Son caractère intransigeant infusa un nouvel esprit dans l'armée française.

Abd el Kader fut repoussé, et la garnison de Tlemcen qui se trouvait au bord de la famine, fut délivrée. Abd el Kader menaça le camp fortifié français sur la Tafna, et Bugeaud, acceptant son défi, quitta son retranchement et lui infligea une défaite totale, le 6 juillet 1836. Cependant, cette défaite n'aurait pas arrêté l'intrépide Arabe, si en même temps n'était intervenue la révolte de la puissante tribu de la Flita ; il se retira pour la châtier.

Bientôt Abd el Kader reprit les armes et Clauzel, qui était très occupé à Constantine, envoya encore une fois Bugeaud dans la province d'Oran en 1837, à la tête de 12.000 hommes. Le commandant français lança des proclamations, annonçant son intention de marcher sur les territoires arabes à la tête d'une force capable d'écraser toute résistance, mais en même temps il offrit la paix aux tribus qui se soumettraient. Ces proclamations eurent un tel effet qu'Abd el Kader fut obligé de demander la paix ; et après un entretien personnel entre lui et Bugeaud, un armistice fut conclu le 7 mai 1837, par lequel il reconnaissait la souveraineté de la France, et acceptait de rendre la province d'Oran et de se limiter à Koléah, Médéa et Tlemcen...

 

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   1858 - Article sur Bugeaud.
 

Dans le massif de l'Edough, un village à une douzaine de kilomètres de Bône portait le nom de Bugeaud.
Bugeaud de la Piconnerie, Thomas, Robert, duc d'Isly, Maréchal de France, né à Limoges en octobre 1784, mort à Paris le 10 juin 1849. Il entra dans l'armée française comme simple soldat, devint caporal durant la campagne de 1805, et servit comme sous-lieutenant dans la campagne de Prusse et de Pologne (1806-1807), assista comme commandant aux sièges de Lerida, Tortosa et Tarragona et fut promu au grade de lieutenant-colonel après la bataille d'Ordal en Catalogne. Après le premier retour des Bourbons, le colonel Bugeaud célébra le lys blanc en vers de mirliton ; mais ces effusions poétiques étant plutôt traitées avec mépris, il rejoignit, durant les Cent-Jours, le parti de Napoléon qui l'envoya dans l'armée des Alpes, à la tête du 14ème régiment de ligne. Au second retour des Bourbons, il se retira à Excideuil, dans le domaine de son père. Au moment de l'invasion d'Espagne par le duc d'Angoulême, il offrit son épée aux Bourbons mais, l'offre étant refusée, il devint libéral et rejoignit le mouvement qui conduisit finalement à la révolution de 1830. Il fut choisi comme membre de la Chambre des députés en 1831 et nommé général de brigade par Louis-Philippe. Nommé gouverneur de la citadelle de Blaye, il avait la duchesse de Berry sous sa garde, mais la façon dont il s'acquitta de sa mission ne lui valut aucun honneur ; il fut ensuite connu sous le nom de « ex-geôlier de Blaye Durant les débats de la Chambre des députés du 16 janvier 1834, M. Larabit, se plaignant de la dictature militaire de Soult, et Bugeaud l'interrompant par ces mots : « L'obéissance est le premier devoir du soldat un autre député, M. Dulong, demanda, caustique : « Même si on lui demande de devenir geôlier ? ». Cet incident provoqua un duel entre Bugeaud et Dulong, dans lequel ce dernier fut tué. L'exaspération des Parisiens qui s'ensuivit monta encore du fait de sa participation à la répression de l'insurrection parisienne des 13 et 14 avril 1834.

Les forces destinées à réprimer cette insurrection étaient divisées en trois brigades dont l'une était commandée par Bugeaud. Dans la rue Transnonain, une poignée d'insurgés enthousiastes qui tenaient encore une barricade le matin du 14, fut cruellement assassinée par une force démesurée alors que le moment important des opérations était passé. Bien que l'endroit ne fut pas dans la circonscription assignée à la brigade de Bugeaud et que lui-même, donc, n'y ait nullement participé, la haine du peuple lia son nom à ce massacre et, malgré les déclarations contraires, persista à le stigmatiser comme « l'homme de la rue Transnonain Envoyé le 16 juin 1836 en Algérie, le général Bugeaud fut investi d'un poste de commandement dans la province d'Oran, presque indépendant du Gouvernement général. Ayant reçu l'ordre de combattre Abd el Kader et de le soumettre par le déploiement d'une force imposante, il conclut le Traité de la Tafna, laissant échapper toute occasion pour de nouvelles interventions militaires et plaçant son armée dans une situation critique avant même qu'elle n'ait commencé à agir. Avant ce traité, Bugeaud avait mené plusieurs batailles. Un article secret, qui n'avait pas été porté sur le papier accordait 30.000 boojoos (environ 12.000 dollars) au général Bugeaud. Rappelé en France, il fut promu au rang de lieutenant général et décoré Grand officier de la Légion d'Honneur. Lorsque la clause secrète du Traité de la Tafna commença à s'ébruiter, Louis-Philippe autorisa Bugeaud à utiliser l'argent pour certaines routes publiques afin d'accroître sa popularité parmi ses électeurs et de s'assurer son siège à la Chambre des députés. Au début de l'année 1841, il fut nommé gouverneur général de l'Algérie, et, sous son administration, la politique française en Algérie se transforma complètement. Il fut le premier gouverneur général dont l'armée fut à la hauteur de sa tâche, qui exerçât une autorité absolue sur les commandants en second, et qui conservât son poste assez de temps pour exécuter un' plan dont l'application demandait des années. La bataille d'Isly (14 août 1844) dans laquelle il mit en échec l'armée de l'empereur du Maroc avec des forces nettement inférieures, dut son succès au fait qu'il surprit les Musulmans, sans déclaration de guerre préalable, et à la veille de la conclusion des négociations.

Déjà promu à la dignité de Maréchal de France, le 17 juillet 1843, Bugeaud reçut le titre de duc d'Isly. Comme, après son retour en France, Abd el Kader avait de nouveau regroupé une armée, il fut renvoyé en Algérie, où il écrasa rapidement la révolte arabe. En raison du différend entre Guizot et lui, né de l'expédition en Kabylie qu'il avait entreprise contre les ordres du ministre, il fut remplacé par le duc d'Aumale, ce qui lui « permettrait » selon l'expression de Guizot « de venir jouir de sa gloire en France Dans la nuit du 22 au 23 février 1848, sur le conseil secret de Guizot, il fut introduit auprès de Louis-Philippe qui lui conféra le haut commandement de toutes les forces armées, la ligne aussi bien que la garde nationale. Le 23 à midi, suivi des généraux Rulhières, Bedeau, Lamoricière, de Salles, Saint-Arnaud et d'autres, il alla au quartier général des Tuileries où il fut officiellement investi du haut commandement par le duc de Nemours. Il rappela aux officiers présents que celui qui allait les diriger contre les révolutionnaires parisiens " n'avait jamais été battu, que ce soit sur le champ de bataille ou dans les insurrections ", et que, cette fois encore, il promettait d'en unir rapidement avec " cette canaille rebelle ".

Pendant ce temps, les nouvelles de sa nomination contribuèrent largement à donner aux affaires un tour décisif. La garde nationale encore plus irritée par sa nomination au haut commandement, cria : " A bas Bugeaud ! " " A bas l'homme de la rue Transnonain ! " et refusa absolument d'obéir à ses ordres.

 

Effrayé par cette manifestation, Louis-Philippe retira ses ordres, et passa la journée du 23 en vaines négociations. Le 24 février, seul du Conseil de Louis-Philippe, Bugeaud poussait encore à la guerre jusqu'au bout ; mais le roi considérait déjà que sacrifier le maréchal serait un moyen de faire la paix avec la garde nationale. Le haut commandement fut donc placé en d'autres mains, et Bugeaud démissionna. Deux jours après, mais en vain, il offrait son épée au service du gouvernement provisoire. Lorsque Louis-Napoléon devint président, il confia le commandement de l'armée des Alpes à Bugeaud, qui fut aussi élu représentant à la Chambre des députés par la Charente-Inférieure.

 

Il publia diverses productions littéraires traitant principalement de l'Algérie. En août 1852, un monument lui fut élevé à Alger et un autre dans sa ville natale
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