Sur la place de Mondovi un buste a été implanté en mémoire d'un homme qui a été apprécié dans la région de Bône : Jérôme Bertagna.
Né à Alger le 12 mai 1843, sa famille s'était fixée à Bône en 1852, alors qu'il n'avait que neuf ans.
Après avoir appartenu pendant quelque temps a l'administration des Ponts et Chaussées, Jérôme Bertagna prit la succession de son père a la mort de celui-ci et entra dans le commerce des farines et, de là, dans la politique
C'est peu de temps après la proclamation de la République qu'il fut appelé à faire partie du conseil municipal, dont il devait être en 1881, le premier adjoint.En février 1888, il succéda comme maire à Prosper Dubourg, qui venait de mourir après avoir occupé ce poste pendant dix années. Jérôme Bertagna devait, à son tour, demeurer quinze ans à la tête de la municipalité de Bône.
Au mois d'août 1903, en une fin de chaude après-midi de dimanche, la nouvelle de la mort de Jérôme Bertagna se répandit dans les cafés et courut par la ville comme le feu sur une traînée de poudre.Le maire de Bône, qui était aussi le président du Conseil général de Constantine depuis de nombreuses années était décédé dans sa villa de Mont-Riant, à Saint-Cloud-les-Plages, tout près de l'embouchure de l’Oued-Kouba.Le nom de Jérôme Bertagna restera lié à la transformation du port de Bône, on pourrait presque dire, à la création du port de Bône, car cet organe essentiel de la prospérité économique du pays se trouvait jusqu'alors confiné dans les limites de la petite darse, au bas du Cours. L'agrandissement du port est son œuvre exclusive, bien qu'il ne fût encore que premier adjoint au maire lorsqu'elle fut entreprise.
Jérôme Bertagna pensait avant tout à l'avenir de la ville qu'il administrait. Il usait en toute occasion de son influence et de son autorité qui étaient reconnues, pour drainer vers Bône la plus grande partie possible des disponibilités financières de l'Algérie. C'est dans cet esprit que fut érigée en 1907, quatre années après sa mort, la monumentale statue qui domine le Cours, (voir ci-dessus) lequel à partir de cet événement a changé de nom pour la troisième fois, pour devenir le "Cours J.- Bertagna" après avoir été successivement 'Les Allées" et le "Cours National".
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Le monument reposait entièrement sur la partie gagnée sur la chaussée. Il était placé sur le chemin que suivait chaque jour l'ancien maire pour aller des bureaux de sa maison de commerce, située au 29 de la rue Mesmer à l'hôtel de ville.Jérôme Bertagna passait en effet régulièrement entre le théâtre et le café Saint-Martin, rendez-vous officiel de tous ses partisans et amis.Le sculpteur Sicard a fait un monument grandiose où les traits et la stature de Jérôme Bertagna sont fidèlement reproduits dans le bronze.. Il fut solennellement inauguré en avril 1907, par une hargneuse journée pluvieuse sous un ciel infiniment bas, gris et triste. C'est le gouverneur général Célestin Jonnart qui vint lui-même présider la cérémonie, au milieu d'une foule innombrable.Comme tous les hommes d'action, Jérôme Bertagna avait eu naturellement de nombreux adversaires et des contempteurs sournois et bien souvent anonymes, qui ne désarmèrent point après sa mort.Jérôme Bertagna faisait partie désormais de la religion de Bône. Son culte à lui avait été le port qui, à ses yeux, constituait tout l'intérêt qu'on devait attacher à la ville;Cette vocation de la cité, il l'avait fixée lui-même, dans le cartouche en fer forgé qui orne chacun des deux battants de la grande porte de l'hôtel de ville, où l’on voit la lettre "B", initiale de la ville, traversée de haut en bas, par une ancre, symbole du port et symbole de l'espérance
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Texte Blog de Hubert Zakine
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