Les évènements hors de Mondovi    La pèriode de 1941 à 1950.      
 
 
 





               Histoire du village année par année. La pèriode de 1941 à 1950.
 
 De Mondovi à Bône par le rail
 
1942 - Une amitié durable
 
1944 - La superstition au village
 
1945 Le stade de Mondovi
 
1948 - La petite blanche
 
1949  La chasse au sanglier
 
Souvenirs de chasse
 
1948 - Le centenaire du village.
 
1950 Une troupe de théâtre au village       La pièce de théâtre interprétée en 1950 cliquez ICI
 
1950 - Les Rameaux
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   De BÔNE à MONDOVI par le chemin de fer   






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 Le train en gare de Mondovi.          La gare de Mondovi est tout près de la cave coopérative.
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   1944 - La supestition au village.

 

Vous savez sans doute qu’il existe des maladies qui relèvent davantage du psychique que du physique. Les médecins bien que spécialisés sont parfois désarmés pour les traiter. C’était parfois le cas des deux médecins que nous avons toujours connus à Mondovi : les docteurs Taïeb et Durand. Chaque famille ne jurait que par l’un, au détriment de l’autre. A compétence égale, chacun avait son tempérament. L’un paraissait froid et fort sérieux tandis que l’autre avait l’air de tout prendre à la rigolade.
Je me rappelle qu’un jour, prenant des risques pour rejoindre à vélo, le docteur Durand, je lui dis que la voisine se sentait mal, il me répondit « Elle n’a qu’à se faire sentir par quelqu’un d’autre ». Tous ces risques pour entendre une telle boutade quelle déception…En fait quelques minutes après, il était chez la voisine…Mais revenons à nos problèmes psychiques.
A Mondovi quand on ne savait pas l’origine d’une maladie on disait qu’on nous avait « mis les yeux ». Qu’est-ce que cela signifiait ?
Pour certains - et ils étaient assez nombreux à Mondovi - le mal pouvait se cacher derrière des regards envieux ou de la jalousie. Il pouvait même se cacher derrière des compliments hypocrites sur la bonne forme ou la bonne mine de quelqu’un. Cela pouvait provoquer des problèmes de santé que seul un « jeteur de mauvais œil » était capable de traiter.

Il y avait au village deux personnes capables de « conjurer le sort », toutes deux de confession juive : Madame Daoud et Madame Guez. Là encore, le choix de l’une ou de l’autre dépendait de l’appréciation de chacun quant à leur efficacité.
Toutes les deux avaient à peu près les mêmes méthodes « d’opérer ». Elles faisaient asseoir le supposé atteint du mal. Elles remplissaient une assiette d’eau et versaient dans l’eau quelques gouttes d’huile. Si l’huile disparaissait, cela voulait dire que le patient « avait les yeux ». Il fallait alors qu’il se mette à l’abri du danger en essayant d’abord de déterminer celui qui engendrait le mal et en s’isolant.

Si la malédiction s’avérait  rebelle il était conseillé de consulter un faiseur de miracles. Ceux reconnus comme étant les plus efficaces étaient les marabouts  de confession musulmane.

Le marabout (personne) lorsqu’il est encore vivant, officie dans le marabout (bâtisse). Il impose les mains et par des incantations implore les Dieux d’extirper le mal du patient. On peut aussi faire agir le marabout en apportant des offrandes sur son tombeau s’il n’est plus de ce monde. On lui demande alors de nous désenvoûter.

Dans toute l’Algérie, sorciers, faiseurs de miracles arabes, italiens, espagnols, maltais avaient fort à faire parce que la superstition allait bon train. Pour se protéger des moyens simples étaient également recommandés. On pouvait par exemple « faire les cornes » en tendant index et auriculaire pour barrer la route au « mauvais oeil ». On évitait de fréquenter les personnes susceptibles de porter la schkoumoune sur eux, de peur qu’ils soient contagieux. On côtoyait par contre ceux qui avait la baraka pour bénéficier de leur protection. Ce genre de croyances touchait plus ou moins toutes les classes sociales et étaient le résultat du folklore des différentes ethnies (italo-maltaise, espagnole, méridionale, juive, arabe) qui se complètaient et renforçaient la crédulité des gens.

A Mondovi une vieille dame avait, comme Mme Daoud, le don d’enlever le « coup de soleil » : il s’agit de Mme Guez. Le « coup de soleil » c’était cette forte fièvre qui se manifestait lorsque un individu imprudent était resté trop longtemps exposé au soleil.

Madame Guez installait l’imprudent, tout rouge et tremblant de fièvre sur une chaise, lui posait une serviette pliée en quatre sur la tête et renversait par-dessus un grand verre d’eau en récitant toutes sortes de prières dans une langue qu’il était impossible de comprendre. Des bulles qui apparaissaient dans le verre signifiaient la guérison future. Une telle manipulation ne pouvait être efficace qu’à condition d’être agrémentée de signes cabalistiques dont, seule la vieille dame avait le secret.

Toutes les interventions de Mmes Daoud ou Guez étaient accompagnées de prières. Cela tend à prouver que le religieux était très proche de la superstition et que la limite entre les deux n’était pas clairement définie. Ce phénomène était dû essentiellement  à l’amalgame des coutumes importées par les différentes communautés.

Une chose est sûre c’est que les deux dames n’ont jamais prétendu faire un commerce de leur don reconnu par une bonne partie de la population. Elles agissaient en bonne mère de famille. Une modeste contribution suivait leur intervention (victuailles, volaille, gâteaux).

 

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   1942 - 1993 : Une amitié durable.
 




1942 : Nous sommes en pleine guerre. La population a  peu de nouvelles du monde extérieur. Peu de  foyers ont la radio. La télévision n’existe pas. Les enfants naissent et grandissent au sein du village avec un seul modèle : les parents qui sont l’image de ce qu’ils imaginent pour leur avenir. Il existe cependant une échappatoire à ce schéma. Les enfants peuvent se référer à l’image que leur offrent certains camarades à condition qu’ils ne soient pas considérés comme infréquentables pour  des raisons que seuls les adultes sont capables d'avancer...L’exode a pu mettre un terme à ces « obstacles » relationnels et a permis de relativiser les problèmes qui ont pu empêcher une amitié de naître et se développer.

En voici un témoignage
Classe maternelle 1942Cliquez
Classe maternelle de Mondovi en 1942



Photos de classe




Lettre d'un de ces "gamins" Cliquez sur la lettre pour la lire
poeme




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                  1945 - Le stade de Mondovi   
 Le football était pour toute l’Algérie le sport national. C’est au sortir de la seconde guerre que le stade de Mondovi a été inauguré. Vu les problèmes d’eau qui se sont posés de tout temps au village, il n’était nullement question d’engazonner le terrain. Les joueurs ont donc toujours évolué sur de la terre battue. L’inconvénient majeur de ce type de terrain était qu’en cas de précipitation deux énormes flaques d’eau se formaient devant chaque but. Cela rendait la tâche difficile pour le goal qui devait essayer d’éviter la flaque mais pas la balle. Les jours où le temps était sec, mieux valait avoir des genouillères efficaces pour ne pas se planter un genoux dans les nombreux silex qui affleuraient  ici ou là du sol.

Le terrain avait été implanté à la périphérie  sud du village. De part et d’autre s’installaient le marché arabe hebdomadaire et le marché à bestiaux.
Au sein du tissu associatif du village les clubs de football ont régulièrement joué un rôle prépondérant. Il y eut

L’ESM (Entente Sportive Mondovienne)

La JSM (Jeunesse Sportive Mondovienne) 

 

Le SOM  (peut-être Sporting Olympique Mondovien…)

Armand et Zézé
Armand et Zézé deux arrières de l'équipe de foot de Mondovi.



 

Durant les années 1959-60 l’équipe senior était composée d’un trio dont l’humeur et l’humour rendaient joyeux les plus  désespérés.
Il y avait Jeannot, petit, trapus, hargneux, qui se faufilait au sein de la ligne de défense adverse pour être l’instigateur des buts les plus nombreux de l’équipe.annot

Il y avait aussi Zézé , longiligne, bien ancré au sol, arrière dont le seul regard pouvait dissuader l’adversaire de franchir la ligne qu’il matérialisait avec le congénère qui était Armand ,  dont la frappe était aussi puissante que celle des machines à battre la monnaie.

Le reste de l’équipe était constitué d’indigènes.

Le manager du club était René expert des tabacs en même temps que de la rigolade : un individu intarissable en histoires bônoises qui a été l'instigateur d'une troupe théâtrale en 1950 qui a interprété une pièce dans un patois local : le pataouette bônois. Il en était l'auteur. René était entraineur de l'équipe qu'il menait à la dure malgré son âge relativement avancé. Pour pouvoir vérifier le sèrieux de ses joueurs dans le footing, par exemple, il les suivait à vélo. 

 

 

René dans son rôle de père Noël.
René pouvait  aussi jouer le rôle du père Noël quand c'était nécessaire (année 1952 ou 53).

   Le « père » René était  bon vivant. Avec lui, l'équipe de Mondovi  n'avait rien à envier à l'équipe de France...pour ce qui est des commentaires de fins de matchs...surtout quand elle gagnait. Des merveilleux moments qui faisaient mal aux maxillaires par le rire qu'ils engendraient.

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   1948 - La petite blanche
 

A Mondovi la belle saison commençait à Pâques. Le dicton « En Avril ne te découvre pas d’un fil » était tout de même de rigueur. Il n’empêchait pas, les plus courageux de prendre un bain sur une des belles plages de la ville de Bône dès que le soleil se montarit généreux. C'est bien cela qui nous faisait râler durant tout le 3ème trimestre, nous, les internes obligés de rester à l'étude au lycée après les heures de cours.

C'est à la fête des Rameaux et de Pâques que les tenues d'été étaient arborées. À la sortie de la messe sur le parvis de l'église les dames, bavardaient un peu plus longtemps pour échanger les dernières nouvelles mais aussi pour permettre de faire découvrir leur  tenue des beaux jours.Pendant ce temps beaucoup de messieurs se livraient à un de leurs sports favoris, la belotte devant une "blanche" : c'est ainsi que mon grand-père appelait l'anisette..

Au village des les premiers rayons de soleil prometteur, les terrasses des bistrots s'organisaient. Je me rappelle du temps où à côté de la terrasse de l'Hôtel du Roulage était installé un marchand de brochettes. L'odeur alléchante de la viande qui cuisait sur la braise incandescente suffisait à attirer les clients qui presque inévitablement s'attablaient pour boire une anisette. Le breuvage avait une autre saveur lorsqu'il était pris après la dégustation de ces petits morceaux de viande qui avait cuit sur la braise. La brochette était à un prix dérisoire. Elle était simplement composée des morceaux d'abats dont l'ensemble constituait ce qu'on appelait une fressure. Il y avait du foie, du coeur, du mou (les poumons) et de la voilette. Les abats étaient coupés en morceaux et enfilés sur des broches de fabrication maison qui était parfois des rayons de roues de bicyclette.

La fressure d`agneau
La fressure d'agneau


Après la seconde guerre mondiale, les Mondoviens ont peu à peu découvert l’anisette. C’est au début des années cinquante que le breuvage à base de graines d’anis a  détrôné l'apéritif Picon à base d'Orange qui lui aussi a eu son origine en Algérie.

À défaut de brochettes il y avait très souvent dans les bistrots toutes sortes d'amuse-gueule qu'on appelait « kémia » qui étaient souvent préparés par le patron ou la patronne du café. Il y avait par exemple les petits escargots blancs qui pullulaient sur les hautes herbes sèches de la région. Préparés dans une sauce tomate suffisamment relevée pour donner envie de boire, il étaient présentés dans des coupelles, à la disposition des clients. L'outil fourni, indispensable à l'extraction de la bête, était une longue épine blanche d'un arbuste de la région.

On peut se rendre compte qu’un bonne « kémia » pouvait être préparée à moindre frais mais pouvait rapporter gros par le nombre d’anisettes qu’elle incitait à déguster.

Donnons la parole à Roland Bacri, l'auteur Pied noir connu. Il a su mieux que quiconque parler de la kémia et de l’anisette.

 

Que les Français de France quand y pensent au vin ça leur met l'eau à la bouche, c'est moins normal que nous autes quand on pense à l'anisette, non ?
-----C'est pour ça que boire un petit coup c'est agréable, d'accord, mais taper l'anisette c'est joindre l'utile à l'agréable car l'anisette c'est sain comme tout en plus de délicieux.
-----Et d'abord, boire un petit coup de rouge ou de blanc et taper l'anisette, c'est pas la même soif. La soif de vin elle vous vient de toute atmosphère pourrie de la métropole, qu'elle vous serre la gorge et le coeur, vous buvez pour oublier.
-----Tandis qu'à Alger, comme l'atmosphère c'était aute chose, c'est l'air dégagé qu'on allait à la Grande Brasserie dire à Attard : "Allez, esclave, deux anisettes !" Qu'à Alger la Blanche, l'anisette elle soit blanche, c'est logique. Donc ça doit pas être pour rien si ici en France, leur pastis anisé il est jaune comme un qu'il a le foie malade. A Paris, quand vous rentrez boire dans un bistrot, vous rentrez comme un moins que rien.
-----L'autre, de derrière son comptoir, y vous regarde comme si vous seriez l'homme invisible. Vous dites : "Un Mâcon! " y vous passe son torchon devant vous comme si à cause de vous y fallait urgent dépolluer l'environnement, y vous sert le Mâcon, vous buvez, vous payez, y vous rend la monnaie, vous partez vous lissez une pièce, y vous dit merci tout juste à peine, l'indifférence la plus totale !
-----Vous étiez au café, vous ? Allez va, c'est pas vrai ! Quelle différence, purée ! avec l'ambiance qu'on avait nous, à la Grande Brasserie, juste en face des Trois z'Horloges !

Pour parler de la kémia qu'y avait sur le comptoir, y faudrait que je parle d'abondance.
Les olives, les frites, les escargots piquants, les cacaouettes, les bliblis, les tramousses, les crevettes frites, les anchois, les variantes, toutes des choses salées et relevées, c'est pas bête car soi-disant ça nous donnait l'impression que not' anisette elle allait nous revenir pour moins que rien et total, ça nous donnait tellement soif qu'obligé on tapait sept, huit anisettes au lieu d'une qu'on avait l'intention.
-----Sans compter que le patron, Attard y nous racontait des histoires tellement imbuvables que rien que pour l'hygiène y fallait la rince !
-----Une dernière chose : vous avez des aigreurs, des brûlures d'estomac, des coliques, mal au ventre, vous vous frictionnez avec l'anisette, vous mettez un essuie-mains du lavabo sur le ventre pour garder la chaleur, radical !
-----Une dent du fond ou quoi, elle vous agace ? Vous gardez dans la bouche, à l'endroit, un peu d'anisette pure en gonflant la joue, la douleur elle vous passe comme un rêve !
-----La fièvre, elle vous monte à la figure ? Une compresse d'anisette sur le front, la température elle vous tombe brusque, comme un jour de plein été à Paris.
-----Mais pourquoi je vais vous soûler avec tous les bienfaits de l'anisette ? Surtout que l'anisette, on se soûle pas, on se grise, on vient gai, c'est pas pareil !

Roland Bacri
La légende des siestes
Chez Balland

 

Histoire de l’anisette.

En 1876, la misère sévissait dans les campagnes espagnoles. Pascual LIMIÑANA fut le premier de la famille à quitter le village espagnol de Montforte del Cid pour tenter sa chance en Algérie.Son frère Manuel le suivi peu àprès.

Ayant à peine atteint l’âge de douze ans, chaque enfant se vit remettre un peu de nourriture enveloppée dans un linge noué aux quatre coins et dut parcourir à pied les vingt kilomètres qui séparaient Montforte du port d’Alicante, en se remémorant les recommandations paternelles : "Lorsque le bateau sera là, présente-toi au Capitaine et demande-lui de te prendre à son bord". C’est ainsi qu’ils s’en allèrent l’un après l’autre pour servir dans le bar de leur oncle installé rue de la Marine à Bab-El-Oued.

 Ils étaient logés et nourris mais ne recevaient pas de salaire.

 Le bar était fréquenté par de nombreux espagnols qui, regrettaient la "paloma" de leur pays. Manuel et Pascual eurent l’idée de se procurer des "fleurs d’anis" afin de préparer eux-mêmes cette boisson comme ils l’avaient vu faire dans leur village.

 Et cette idée eut un grand succés, les clients affluèrent dans le café. Petit à petit ils développèrent ce commerce, aidés par leur oncle. Un jour Pascual regagna son Espagne natale et redevint agriculteur, Manuel s’installa aux environs d’Alger où il créa la Société CRISTAL ANIS en 1884 dans un local désafecté.

 L’étiquette d’alors ressemble beaucoup à l’étiquette actuelle.

 La technique consistait à faire macérer la graine de fleur d’anis dans de l’alcool dans des chaudrons de cuivre avant d’être distillée dans un alambic. Le remplissage des bouteilles était manuel.

 Il acheta une charrette et des chevaux pour répondre à la demande croissante de la clientèle. Manuel fut aidé par son fils, François qui décéda avant lui.

 Lorsque Manuel disparut en 1936, la société avait une dizaine d’employés. Ses fils, Ernest et Manuel, continuèrent l’activité.

Usine Lilinana
Le personnel de "Cristal Anis" devant les locaux de leur entreprise.

 Ils remplacèrent le remplissage manuel par un remplissage automatique et de nouveaux produits furent créés.

 1948, le CRISTAL ANIS était devenue la boisson nationale de l’Algérie.

 Manuel LIMINANA fils eut l’idée de soutenir le jeu de boule et créa des clubs boulistes.

 1954, Il aida le théâtre aux armées et finança le lancement en France de la pièce "La famille HERNANDEZ".

 En 1961, Manuel LIMINANA fut arbitrairement expulsé d’Algérie par le gouvernement de DE GAULLE et comme il avait conservé la nationalité Espagnole, il se réfugia en Espagne.

 Après l’indépendance, l’usine fut nationalisée par l’Etat algérien.

 Il re-créa l’entreprise à Paris avec une succursale à Marseille qu’il dirigeat de puis l’Espagne quelques années avant d’être autorisé à revenir en France. Après des années difficiles il fit construire une nouvelle usine à Marseille qui est le Siège Social actuel.

 Vers 1988 Manuel LIMINANA décéda suite à un accident mais l’entreprise est restée familiale.

La bouteille d`anisette `Liminana`

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   1948 - Le centenaire du village
  Nous sommes le 11 décembre 1948. Il y a 100 ans, les premiers mondoviens arrivaient sur les lieux où le village a vu le jour. Ce jour tombe un samedi. Les mondoviens vont pouvoir faire la fête pendant deux jours. Un comité s’est constitué au sein de la municipalité parmi lesquels figurent les musiciens de la philharmonique. Il y a entre autres, les frères Baëza , Michel et François, Zamith Robert, Daoud père et fils, Poli Napoléon.Les employés municipaux  se sont affairés toute la semaine à l’illumination du centre du village. Tout est fin prêt. Des milliers de lampes électriques scintillent tout au long de la rue nationale sur la place du village, sur le parvis de l’église.Des manifestations du même genre ont déjà eu lieu dans d’autres villages tel Novi au mois de  septembre

 Le hasard du calendrier veut que la veille l’assemblée générale des états unis réunie à Paris a adopté la Déclaration Universelle des Droits de l’homme. Bien que les mondoviens soient conscients de l’importance de cet évènement, pour l’heure ce qui compte c’est leur centenaire.J’ai 4 ans. Ma sœur vient de faire 1 an et nous ne sommes pas en forme puisque tous   les deux atteints de la coqueluche.

Est-il pensable, pour autant, que mes parents puissent être empêchés d’assister aux plus grandes manifestations qui se sont préparées  pour ce centenaire ? Certainement pas. Le landau est suffisamment grand pour contenir deux enfants. Nous habitons alors boulevard du Nord dans un appartement que mes parents louent à la famille Poli. Pour entamer les festivités dans la joie, la fanfare de la Philharmonique a fait son entrée au village

C’est l’euphorie. Tout commence, comme il se doit à chaque manifestation, par une grande messe.

Monseigneur Duval, Evèque de Constantine en 1948


Pour marquer l’évènement, Monseigneur Duval, évêque de Constantine a été invité. Il officie avec l’abbé Conseil, curé de Mondovi. Pendant la cérémonie religieuse, les musiciens sont là pour ajouter, la solennité qui convient à l’évènement. A la sortie de l’église les mondoviens ont fait une haie d’honneur au cortège ecclésiastique chacun se presse au passage de l’évèque pour embrasser sa bague, comme il est de coutume. Le cortège se rend au monument aux morts pour rendre hommage aux morts du village.

Les anciens combattants alignés avec les drapeaux de leur association occupent un angle du square de la reconnaissance (c’est ainsi qu’on a nommé le jardin dans lequel a été placé le poilu de la guerre 14-18). Immobiles, au garde à vous, Monsieur Wolf, représentant Monsieur Naegelen, Gouverneur Général de l’Algérie et Monsieur Custin, Président du Conseil Général accompagnent Monsieur Bertagna Roland, Maire de Mondovi. Après la sonnerie aux morts interprétée par Monsieur Zammit, trompettiste virtuose, l’orchestre entame une Marseillaise qui donne la chair de poule à toute l’assistance.

Les personnalités au monument aux morts
Monseigneur Duval, évèque de Constantine, Mr Bertagna Roland, Maire et
Monsieur Wolf représentant le Gouverneur de l'Algérie

 

Après cette entrée en matière, un apéritif est servi à tous les invités et à ceux qui veulent s’associer à ce moment de liesse.

L’après midi avait été réservé à l’organisation de jeux pour les enfants. Ils devait profiter eux aussi des festivités puisqu’ils était les garants de l’avenir du village. Sur la place des installatons permirent d’organiser ce qui au village était devenu des classiques : course au sac et autres jeux de plein air.

 

 

Le clou de la journée se déroula dans la salle des fêtes, décorée pour la circonstance. C’était la salle où se passaient toutes les manifestations d’importance. C’est la aussi que se d éroulait en temps ordinaire les séances de cinéma. Pour une fois on avait demandé au  père Guzzo gérant et photographe de libérer les lieux.

A gauche de la salle des fêtes se trouvait le boulodrome.
La salle des fêtes où se déroula le centenaire

Des plateaux décorés de verdure avaient été posés sur des trétaux.. Un grand repas attendait tous les mondoviens. On avait  préparé plusieurs jeunes  agneaux qui grillaient lentement à la broche depuis le début de l’après midi, surveillés par les spécialistes des méchouis qui n’étaient pas à leur premier essai.

Il règnait une ambiance folle dans la salle lorsque tout à coup une personnalité se leva et cria : « Nous allons boire à la santé de Mademoiselle EMMA ». Incitée à se lever par des personnes qui l’entouraient, une vieille dame se mit péniblement sur ses jambes ; c’était  Mademoiselle Emma. Elle avait 100 ans, l’âge du village. Elle faisait partie des gens qui étaient arrivés avec le 11ème convoi. Tandis que les convives levaient leur verre, ceux qui entouraient la vieille dame la portèrent en triomphe. Mademoiselle Laurette, sa nièce assistait à la scène, inquiète à l’idée, qu’on pourrait blesser sa tante.

Le repas bien arrosé une fois terminé, l’orchestre ouvra le bal.

Les saxos de l`orchsetre


 

 Fier, derrière son instrument rutilant, mon père se donna à cœur joie. C’était un passionné de musique. Il pratiquait le saxophone. C'était parfois le soprano. Pour d'autres morceaux, l'alto. Il possédait également une clarinette qu'il utilisait plus rarement. Son frère François jouait de la trompette. Ma mère admirait la virtuosité de mon père mais elle aurait bien aimé l’avoir un peu plus souvent dans ses bras pour faire quelque valse ou tango. De temps à autre il se détachait de l'orchestre lorsque sa présence n'était pas impèrieuse pour lui faire plaisir en esquisant une danse.
L`orchestre de Mondovi
L'orchestre de Mondovi (années 1945 à 50)


Les deux frères Baëza , musiciens.

Les deux frères Baëza (trompette et saxophone)

Bien que n’étant pas de nature à s’abandonner à la nostalgie, ma grand-mère eut bien quelques pensées furtives pour son mari qui, s’il avait été en vie aurait certainement apprécié ces moments de liesse. Il avait été, lui aussi, musicien dès sa plus tendre enfance, prenant sa part d’animation au sein de l’orchestre qui était sur l’estrade.

 

L`orchestre des années 40
L'orchestre de Mondovi avant la guerre. Au centre (1er rang) Baëza Michel (père).
Baëza Michel (fils) debout, 2ème à partir de la droite.



 

Quelque temps après ces manifestations, Mademoiselle Emma quitta définitivement le village pour un repos éternel. C’est sa nièce, Mademoiselle Laurette qui la remplaça dans la boutique qu’elle tenait près de la poste.

Au fait, vous ai-je dit que pendant pratiquement la vie « française » du village ce sont elles qui se sont chargées de la vente des livres, journaux  et autres babioles ?

Lorsque le bal s’acheva, le jour était sur le point de se lever. Etait-il bien nécessaire de se coucher ? C’est tout de même ce que firent les musiciens avant d’entamer le concert prévu sur la place du village.

Une bonne partie de l’après midi, les cuivres encore chauds de la veille retentirent des sons les plus harmonieux pour faire profiter des derniers moments de liesse tous les mondoviens et ceux de la région qui avaient rejoint le village. Certains allèrent même jusqu’à esquisser quelques pas de danses devant l’estrade de l’orchestre tellement la musique était entraînante et contagieuse.

Après cette grande manifestation durant les 6 années qui suivirent il y eut d’autres fêtes au village. Les évènements de 1954 donnèrent ensuite à réfléchir aux organisateurs qui durent prendre en considération le facteur de sécurité même si parfois le mot « Mektoub » venait aux esprits. « Mektoub » signifie « C’est écrit…A la destinée ». Il est vrai qu’à tout moment nous pouvions être victimes
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   1949 - La chasse au sanglier.

 Dingli et son chien
Le père DINGLI et un de ses chiens

Si après la deuxième guerre et durant les années 1950 on ne craignait plus de rencontrer un fauve dans les rues de Mondovi, les sangliers pullulaient dans la région et  étaient considérés comme nuisibles. Cela explique en partie l’engouement pour la chasse de beaucoup de Mondoviens. Une société de chasse rassemblait les chasseurs assidus. Elle avait pour appellation la « St Hubert ». Parmi les plus « mordus » figuraient Frendo Salvator (Totor) qui était limonadier au cœur de Mondovi, Monsieur Blanchet (père) qui possédaient des terres sur la route de Penthièvre, le père Albrieux , Frendo le garde champêtre, l’adjudant de gendarmerie, Dingli Auguste qui avait une ferme sur la route de Barral, plus tard son fils Charles, Monsieur Pellegrin, administrateur. C’est ce dernier qui se chargeait des commandes, en France, des éléments nécessaires à la confection des cartouches. Un chasseur digne de ce nom fabrique lui-même ses cartouches.

La chasse se pratiquait le plus souvent en battues. Les rabatteurs étaient sélectionnés parmi les indigènes de confiance ayant déjà participé à des battues. La bonne partie de chasse commençait avant même que le jour ne soit levé. Les indigènes étaient placés en des points stratégiques afin de boucler une zone prédéterminée. La consigne était toujours la même : Inciter si possible la bête à se diriger vers les chasseurs embusqués et avertir lorsque l’animal repéré prenait la direction du tireur. Au chasseur, ensuite de faire preuve de suffisamment d’adresse et d’opportunité pour tirer au bon moment et faire mouche. Les chasseurs savaient pertinemment qu’un sanglier blessé peut-être dangereux.

Les zones privilégiées autour de Mondovi étaient les terres de Monsieur Blanchet, route de Penthièvre ou celle de Monsieur Cardenti (Sidi Dj’mil).

J’ai eu la chance d’assister à un retour de chasse. Il y règne une ambiance euphorique. Les bêtes abattues sont déchargées une à une. Chacun essaie de reconnaître l’animal qu’il a tué ou … encore mieux de retrouver l’impact du tir. Il faut alors tendre l’oreille pour savourer les commentaires romanesques du chasseur. S’ajoutent les analyses du contexte dans lequel l’animal a été atteint ou les risques encourus pour tirer dans les meilleures conditions.

Puis vient le moment de la découpe et du partage des bêtes qui, se faisait de la façon la plus équitable possible. Tout se passait en général dans la meilleure ambiance. Les antagonistes étaient pour beaucoup des amis de longue date. Ils se retrouvaient régulièrement à la même table pour préparer les battues et en profiter pour refaire le monde. Cela se passait souvent à la ferme Dingli. Même ceux qui n’aimaient pas particulièrement la chasse se mêlaient à eux. C’était le cas, par exemple, de Monsieur Istria le maire de Mondovi. Après s’être servi dans le jardin de 2 poireaux  et 3 carottes pour faire la soupe, il rejoignait le groupe attablé dans la salle à manger sous l’énorme tête de sanglier empaillée et prenait une « blanche ». La « blanche » c’était l’anisette, boisson sacrée de tous les Européens d’Algérie. Le père Dingli en avait toujours en réserve, même pendant la guerre, période où on ne trouvait plus rien. Son gendre, Michel avait mis au point un procédé à partir de vin et de graines d’anis pour obtenir un breuvage qui, bien que n’ayant pas tout à fait le goût de l’anisette Gras ou Liminana, s’en rapprochait beaucoup. Ce n’était pas au goût du représentant de la loi qu’était l’adjudant de gendarmerie mais une loi primait en la matière : celle du nombre. Devant tous les dégustateurs du breuvage,  mieux valait fermer les yeux et feindre de ne rien entendre.

Avec les « évènements » la chasse est devenue de plus en plus risquée et de moins en moins pratiquée jusqu’à ce qu’on n’entende plus parler de la st Hubert et encore moins de chasse. Le fusil resta  tout de même à portée de main  toujours prêt à être saisi pour répondre à une attaque éventuelle qui était perpétuellement dans les esprits.

 

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    Souvenirs de chasse (relevés dans le "Net")
Extrait d'un article trouvé sur le net :http://www.el-annabi.com/forum/topic8041.html

Un bônois est retourné en Algérie sur les traces de son passé dans la région de Bône.


Ah !!Mondovi ce village mythique du début de la grande aventure , il n’a pas changé du moins dans son centre , autour oui ,ont poussé des dizaines d’immeubles et maisons encore une fois dans un total cafouillage ,aucune urbanisation réelle ,je voulais aller à Mondovi car pour moi il fait partie de mon enfance .c’est là que chaque dimanche, tous les chasseurs et mon papa jeannot inclus qui allaient à la chasse au sangliers se retrouvaient vers les 4 heures du matin avant de partir pour sidi djemil .et oui c’était le point de ralliement , et là je retrouve le bar ou les chasseurs se réunissaient il est devenu un bureau du gouvernement et plus loin par contre le boulanger est toujours là.. juste sa porte qui était en bois est maintenant remplaçée par deux rideaux de fer , mais les gros arbres sont là , ces arbres ,ou nanti de ma carabine à plomb , oui nanti de la carabine à plomb je tournais autour en me prenant pour david crocket , ah Mondovi , tu as été la route de l’aventure pour bien des pieds noirs ,mais pour moi tu as été la route de sidi djemil celle qui me menait aux montagnes dans lesquelles mon papa jeannot, le roi des chasseurs à tué tant de sangliers . et je retrouve en parlant un algérien agé qui se rappelle de nous , oui il me dit# oh oui je me rappelle des chasseurs qui chaque dimanche s’arrêtaient pour le café # il faisait encore nuit ,tout Mondovi dormait . mais nous les chasseurs bardés de nos cartouchières , nous étions là , oui Mondovi centre à pas changé , voilà la nuit tombe il faut rentrer, une nuit encore la tête dans les étoiles je n’ai jamais emmagasiné autant d’infos en si peu de temps , et puis le matin ,le matin se lève , je me dépêche de courir sur la plage , la mer est calme , il me semble que je ne suis jamais parti d’ici , je prends encore des bouteilles que je remplis d’eau de mer , ,je remplis des boites de ce sable , ,et je marche ,je marche , là encore ce matin je veux laisser ma trace , et je prends un bout de roseau et comme je l’ai fais à sidi ferruch j’inscris en sable d’or les noms de mes parents je sais que des vagues viendront les effacer , mais pour le moment je contemple , voilà papa et maman, vous qui avez foulé si souvent cette plage , vous y êtes . va y maman crie moi après, dis moi de mettre le chapeau que le soleil y tape , dis moi de ne pas rentrer dans l’eau , dis moi maman ,dis moi , maman , comme quand j’avais 10 ans , et puis le temps de retourner sur Alger arrive je pars pour l’aéroport , tout au long du chemin je respire a plein poumons cet air qui est le mien je veux être sur d’en prendre jusqu’à mon prochain retour, car je le sais maintenant je reviendrai . je reviendrai aussi longtemps que je le pourrai car cette terre est la mienne

Le café dont parle notre cher internaute est le café STEIBEL faisant angle presque en face de la Tabacoop à l'entrée Nord du village. Quand au pain, il l'a acheté à la boulangerie qui appartenait autrefois à la famille Zammit située sur le même trottoir que Steibel.

Autre article d'un nostalgique : http://les-enfants-de-la-menadia.over-blog.com/article-les-jours-heureux-recit-de-gerard-rodriguez-42300877.html

Et puis demain dimanche on va à la chasse au sanglier à sidi-djemil avec le side-car, on passera par Duzerville et Mondovi et à Mondovi, ya un bar qui fait le coin on prenait un café, le jour n'était pas encore levé, j'allais un peu plus loin sur le même trottoir et je poussais une grande porte de bois vieillit et une autre porte et c'était la boulangerie et un vieux monsieur me donnait un grand pain tout chaud, ah comme il sentait bon !! Et vers 11 h dans les montagnes de sidi-demil on le mangeait avec une boite de sardines, on avait une de ces putains de faim, et on s'allongeait dans l'herbe 10 mn, pour se relever d'un coup sec à rapport que les traqueurs venaient de voir des sangliers, et criaient " aoujek ! aoujek ! va saoir ques ce sa veut dire. On se levait d'un coup et mon père disait, " diocane " " ya pas moyen de s'la faire la sieste "

HEUREUX !!!  on va préparer les cartouches , car mon père fait ses propres cartouches il coule même les chevrotines , et silence quand il mesure la poudre…, les chasseurs se réunissaient dans le garage , moi j'allais acheter l'anisette chez le mozabite et des fois certains disaient à mon père ," tu emmène pas le p'tit ( c'est moi) ya des fellaghas dans ce coin là!!d'ailleurs plus d'une fois on leur tombait dessus , dont une fois bien bien , pendant 3 heures , ils nous ont courus derrière et en avant tirs de mitraillette et de grenades ,  mais à l'époque je courais comme un lapin , bref , on est rentré à la maison et mon père qui me dit " dis rien à ta mère sinon elle me fait un scandale " mais j'étais tout déchiré et tout griffé de partout  , et ma mère à tout comprit , aille !! Le scandale, qu'elle à fait, à mon père   "va te faire tuer toi, mais, laisse moi le p'tit ici ! "  Et moi je lui faisais une sérénade à mon père, laisse que je pleure pour y aller, et lui il disait allez, "tais-toi ! tais toi ; tu viens - , je me rappelle comme on se levait à 4 heure du matin , moi j'étais trop excité et toutes les demi heure je lui disais " papa c'est j'heure " et lui y me disait " laisse moi dormir , c'est pas l'heure , " des fois pour être sur qu'il m'emmène je lui prenais sa cartouchière et je dormais avec , HEUREUX COMME UN PRINCE

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   1950 - L'Auberge du Chien Mort.

 

La population de Mondovi, comme celle de toute l’Algérie était composée d’ Espagnol, de  Maltais, d’ Italiens, d’ Alsaciens qui  sont venus se mêler aux Français et aux Arabes. Tous ces gens ont appris à communiquer, en utilisant leur propre langage et un peu de ce qu’ils ont appris  des autres. Cet amalgame verbal a donné naissance dans toute l’Algérie à une langue spéciale que l’on peut appeler «  pataouette » mais qui devient le Bônois quand on est dans la région de Bône..

 

Cette « langue » n’est pas, cependant, une spécialité régionale. Tout le monde peut la comprendre. C’est un mélange,  de toutes les langues d’origines des Européens avec, en plus, des déformations  qui sont sans doute la conséquence de l’apprentissage orale du vocabulaire utilisé.
Dans cette langue, par exemple, on ne prononce pas le « V » . On ne va pas « voir », on va « oir ». « Voilà » devient « Oilà »

 Tous les « é » se prononcent de la même façon : « C’est vrai » se dit « c’est vré ». Quant au "o" il n'en existe qu'un que ce soit "cause" ou "chose" ou "rose". Le "u" est parfois transformé en i ou inversement. Ainsi « la figure » devient « la fugure » et peut entrer dans une expression telle que « la honte elle me monte à la fugure ».

Ces expressions viennent souvent agrémenter les échanges verbaux en allant parfois vers l’exagération.

Exemple : « Si je me déchire le pantalon, ma mère elle me tue ».

Ces expressions en nombres font partie intégrante du vocabulaire de tous les jours.

Exemple : J’ai « tombé la veste » avant de me « taper une sieste carabinée». « J’vous dis pas «  ce que j’ai écrasé ».« Bon ti’arrète mainant », « oublie moi cinq minutes » ou « j’ten donne une que le mur y t’en donne une autre ». « Fais entention » à toi. Ecoute moi « si ti as peur n’a pas peur »



Affiche

Drame en deux actes : L'Auberge du Chien Mort


A Mondovi un personnage excellait dans l’utilisation de la langue « Pied noir » : René BUSSUTIL. C’était un amuseur né, toujours prêt à faire rire ceux qui le côtoyaient. Un jour, il eut l’idée d’écrire une pièce en bônois, inspirée de la fameuse histoire de « l’Auberge rouge ». Une pièce c’est fait pour être joué. Après un conciliabule avec ses collègues de travail le projet de jouer la pièce dans la salle des fêtes de Mondovi est mis sur pied. Une troupe est créée. Les dialogues sont dactylographiés autant de fois qu’il le faut sur le dos des bordereaux de réception des tabacs de la Tabacoop, lieu où René joue le rôle d’expert des tabacs de temps à autre…(c’est pour rire…). On utilisera pour cela les machines à écrire du bureau. Les rôles sont attribués. Les répétitions commencent. Chaque séance est une crise de fous rires. La plus grosse difficulté, mis à part le fait de retenir le texte est de s’empêcher de rire en le disant. A force de répétitions l’équipe sent que le moment est venu de passer aux étapes suivantes. D’abord donner un nom à la troupe pour lui faire un peu de publicité : elle sera appelée « Comaedia ». Ensuite organiser la représentation pour la faire connaître. Il faut dans un premier temps créer les décors. Rien de plus facile, dans la mesure où, des artistes font partie des acteurs : les deux frères BAËZA, François et Michel se feront aider par tous les collègues et amis prêts à mettre la main à tout. A la Tabacoop on utilise beaucoup de toile de jute pour emballer le tabac expédié à la SEITA. Le matériau fera très bien l’affaire pour peindre les décors qui seront fixés sur des cadres en bois.  Il suffira de demander l’autorisation à Monsieur Alzeto, le Directeur…si nécessaire…A temps perdu l’équipe de peintres se met au travail. Dès qu’un tableau est fini, il est monté et l’on se met à répéter dans de meilleures conditions. On a comme l’impression que les acteurs sont meilleurs même si on a du mal, parfois, à s’accaparer de certaines expressions spécifiques aux bônois.

« Bois Coco bel œil mais entention te taffogue, truque ac les amis, c’est moi qui regole » dit Mme Raphaël.
Dire la même phrase en espagnol ne serait peut-être pas plus difficile…Mais les répétitions aidant, les acteurs deviennent presque expert en « bônois ». On peut alors envisager d’organiser le spectacle. La salle des fêtes du village a été préparée pour recevoir les spectateurs de toute la région. Tout le village est là, bien sur. Mais il ya aussi des spectateurs de  Barral, Randon, Penthièvre, Duzerville, Bône. Leurs rires sont autant l’illustration de l’appréciation des dialogues  que la découverte des hommes du bled dans un contexte tout à fait particulier. La salle des fêtes est comble. La pièce a un énorme succés. Rires et applaudisssements se succèdent. A la fin, les spectateurs se lèvent pour applaudir à tout rompre les acteurs réunis sur la scène. Le spectacle a un franc succès. 
Ces manifestations furent à Mondovi autant d’occasions de faire la fête. Il y avait au village une dynamique  dont l’unique motivation était de faire plaisir tout en prenant du plaisir à organiser des réjouissances. Surmonter les difficultés pour arriver au but que se fixaient ces équipes faisait partie du jeu. Il aurait été dommage de laisser jaunir davantage dans un tiroir  (parce qu’il est déjà jaune…) le papier sur lequel est couché le projet.

Sur les 114 ans qu’a vécu Mondovi voilà le témoignage du fait qu’en 1950, les habitants du village ont connu des moments vraiment heureux qu’il était bon de rappeler. Celà grâce à un homme, BUSSUTIL René, et à une foule de camarades qui ont joué à l'acteur, au décorateur, au régisseur ou à autre chose...
Pour lire la pièce, cliquez ICI

 

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   1950 - Les Rameaux
 

J'ai pu dire combien à Mondovi et, sans doute en Algérie, le lien était étroit dans les pratiques religieuses entre le sacré et les superstitions. Nous avons déjà parlé de ces vieilles dames qui avait la réputation de lutter contre le coup du sort ou le coup de soleil. À la superstition s'ajoutaient les coutumes importées des pays d'immigration (Espagne, Italie, Corse, Sicile, Malte et France).

Ainsi tout au long de l'année l'église de Mondovi ne manquait pas de pratiquants. Qu’il s'agisse de la célébration de la Sainte vierge, de la Nativité, de la Semaine sainte. Les deux messes de l'année où il y avait le plus de monde était le dimanche des Rameaux et la fête de la Toussaint. Ce sont d’ailleurs, en général, les deux messes les plus prisées des chrétiens. Il faut remarquer que ces deux fêtes, des rameaux, où l'on repart avec des branches bénies et de la Toussaint, où l'on va déposer des fleurs sur les tombes sont des portes ouvertes sur la superstition. Le brin de rameaux coincé derrière la croix du Christ était comme une sorte de gris gris destiné à protéger la maison et tout ce qu'il y avait dedans, objets matériels ou humains confondus. Dans certaines familles des brindilles de ces rameaux étaient réparties sur l'ensemble de la maison mais aussi dans les granges, les étables et même les remises. La fête des rameaux a donné naissance à une sorte de rituel plus près de la magie que de la religion.

Arrivée de Jésus à Jérusalem

Rappelons l'origine de la fête des rameaux

C'est par des cris de liesse et de joie que les premiers chrétiens ont accueilli Jésus faisant son entrée triomphale sur un ânon, à Jérusalem. Tout en l’acclamant, la foule étendait des vêtements sur la route afin de lui faciliter le passage. Dans le même temps, d'autres fidèles coupaient des branches - et donc des rameaux…ce mot vient du latin « ramus » qui veut dire « branche » - de palmiers et les posaient, également sur la route.

Pour commémorer cet événement, l'Église se devait de fêter dignement ce Dimanche des Rameaux, également appelé Dimanche de la Passion. Les premières manifestations remontent au VIIIe siècle où chacun se rendait à l'église avec un rameau de palmier à la main, en guise d'hommage. Au départ, il s'agissait, uniquement de palmier, arbre très présent en Palestine à l'époque biblique

Plus tard, en France, en fonction des régions, les fidèles apportaient un brin d'olivier, en Provence et dans le sud Languedoc, une branchette de buis, au centre et à l'est du pays ou un rameau de laurier, en Normandie et en Bretagne.

Le rameau 
Cliquez pour agrandir

À Mondovi, Il y avait cependant une tradition qui illustre une fois de plus l'amalgame du sacré et des coutumes dont nous parlons plus haut. Le jour des rameaux les enfants avaient droit à une branche artificielle dont l'armature était fabriquée avec du fil de fer. Le matériau était enveloppé de papier coloré et de rubans. Cette branche évoquait le rameau naturel porté par les adultes.

Aux ramures de cette branche artificielle étaient suspendues toutes sortes de friandises achetées par les parents (œuf, cloches, poule en chocolat). Une grosse orange confite ornait son sommet là où un crochet était prévu pour tenir l'ensemble.

Le jour des Rameaux les familles conduisaient les enfants à la messe. La motivation essentielle des parents était de faire bénir les rameaux.

Avant la messe         Cliquez           Avant la messe.

Le plus difficile pour les bambins était de résister à la tentation de mordre dans une des friandises de cet arbre magique. Il fallait absolument attendre la fin de la messe pour que la dégustation commence et pour qu’elle soit sans doute plus bénéfique. Souvent il fallait même attendre de rentrer à la maison pour décrocher le sujet que longtemps à l'avance l'enfant avait prévu d'entamer. Les couleurs bariolées des rameaux créaient une ambiance de fête un peu comme le font les sapins garnis au moment de Noël. Même pour les familles non pratiquantes la tradition perdurait.

J'ai eu la surprise de voir que le même type de coutume était respecté en Provence. On dit qu'elle a son origine en Italie, chose tout à fait possible quand on sait que beaucoup d'Italiens ont migré dans le sud de la France.

Dans certaines régions de France à la fête des rameaux on confectionnait des pains aux formes de cheval de coq. On les accrochait à une branche avec une pomme à l'extrémité
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