Les évènements hors de Mondovi | ||
1954 - 1er nov : Proclamation du front de libération national (FLN) 5 nov : Le gouvernement français envoie des renforts militaires en Algérie 24 nov : François Mitterand, alors Ministre de l'Intèrieur prône le recours à la force Décembre ; Création du Mouvement National Algérien de Messali-Hadj. Les membres du mouvement pour le triomphe des libertés démocratiques sont arrétés. | ||
1955 - 26 janv : Jacques Soustelle est nommé Gouverneur de l'Algérie. 31 mars: l'état d'urgence est proclamé dans les Aurès et la Grande Kabilie et la censure est instaurée. 18-24 avril: le FLN participe à la conférence du Tiers-monde à Bandoeng. La conférence exprime sa solidarité avec l'Algérie combattante. 16 mai: les effectifs de l'armée française en Algérie sont portés à 100 000 hommes. L'Assemblée générale de l'ONU vote l'inscription de l'affaire algérienne à l'ordre du jour. 20 août: massacres dans le Philippevillois. Le soulèvement de musulmans est sévèrement réprimé, faisant une centaine de morts. 30 août: en raison de l'extension de la rebellion armée, l'état d'urgence est proclamé dans l'ensemble de l'Algérie. 11 septembre: à Paris, première manifestation des appelés du contingent qui refusent de partir en Algérie. Novembre: création des SAS, Sections administratives spécialisées. | ||
1956 - 20 janvier: manifestations violentes à Tlemcen. 2 février: Jacques Soustelle est remplacé par Robert Lacoste. 6 février: Guy Mollet, président du Conseil, est accueilli à Alger par les manifestations d'hostilité des Européens. Il déclare que "la France doit rester en Algérie et elle y restera". 9 mars: manifestations d'Algériens à Paris contre le vote des pouvoirs spéciaux. 11 mars: l'Assemblée nationale vote les pouvoirs spéciaux au gouvernement Guy Mollet. 11 avril: le service militaire est porté à 27 mois, 70 000 "disponibles" du contingent de 1953 sont rappelés. 19 mai: l'Union générale des étudiants musulmans d'Algérie (UGEMA) lance un mot d'ordre de grève pour une durée illimitée, et invite les étudiants et les intellectuels à rejoindre le FLN et l'Armée de libération nationale (ALN). 22 avril: Pierre Mendès-France, ministre d'Etat sans portefeuille, en désaccord avec la politique algérienne du gouvernement, démissionne. 18 mai: en Algérie, 19 appelés français, arrivés depuis seulement une semaine, sont massacrés. 5 juillet: grève générale des Algériens, en France et dans le département d'Alger. 20 août: le congrès du FLN à la Soummam (Kabylie) définit les buts de guerre, fixe les conditions du cessez-le-feu, des négociations de paix et nomme le FLN comme seul et unique représentant du peuple algérien. Septembre: les effectifs militaires sont portés à 600 000 hommes en Algérie. 22 octobre: détournement par les autorités françaises d'un DC-3 de Royal Air Maroc qui transporte plusieurs dirigeants du FLN de Rabat à Tunis. Ben Bella, Aït Ahmed, Boudiaf, Khider et Lacheraf sont faits prisonniers. En représailles, plusieurs dizaines de Français sont tués à Meknès (Maroc). 1er novembre: à l'occasion du deuxième anniversaire du déclenchement de la lutte armée, grève générale massivement suivie dans l'Algérois. Recrudescence du terrorisme en Algérie. Les premiers attentats à la bombe sont perpétrés à Alger par le FLN. En représailles, les civils français procèdent à des ratonnades dans Alger. 15 novembre: l'ONU inscrit la question algérienne à son ordre du jour. 1er-14 décembre: le général Raoul Salan est nommé commandant en chef en Algérie. 5 décembre: le gouvernement français dissout les conseils généraux et les municipalités en Algérie. 27 décembre: assassinat d'Amédée Froger, président de l'association des maires d'Algérie.
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1957 -7 janvier: la 10e division de parachutistes du général Massu est chargée du maintien de l'ordre à Alger. Début de la bataille d'Alger. Janvier/février: recrudescence d'attentats à la bombe contre des civils et des militaires à Alger. Plus de 30 morts et une centaine de blessés. Fin février: de nombreux dirigeants du FLN sont arrêtés. 26 février: le quotidien L'Humanité publie la lettre d'un soldat français qui dénonce l'utilisation de la torture par l'armée française en Algérie. Un mois plus tard, le général Jacques de La Bollardière demandera à être relevé de son commandement en Algérie pour protester contre la torture. Mars: Larbi Ben M'hidi, à l'origine de la création du FLN, est assassiné par les parachutistes du colonel Bigeard 28 mai: massacre de la population civile du douar Melouza par le FLN. Bilan: 301 morts et 14 blessés. 11 juin: arrestation de Maurice Audin, assistant de la Faculté des sciences d'Alger. 20 septembre: l'ONU inscrit la question algérienne à son ordre du jour. 29 novembre: l'Assemblée nationale vote la loi-cadre et la loi électorale de l'Algérie. Décembre: violents combats dans l'est-Constantinois. Assassinat de Abane Ramdane, principal organisateur du Congrès de la Soummam. | ||
1958 - Le retour de De Gaulle Janvier-mai: bataille du barrage de l'est-Constantinois. 7 janvier: début de l'exploitation du pétrole saharien. 7 février: un avion de chasse est mitraillé depuis Sakh. 8 février: le groupement aérien de Constantine décide, avec l'accord du général Salan, mais sans que le gouvernement français en soit averti, le bombardement de Sakhiet-Sidi-Youssef. L'opération fait 70 morts, dont 21 enfants d'une école. 15 avril: démission du gouvernement Gaillard. Crise ministérielle en France. 26 avril: manifestations à Alger en faveur de l'Algérie française. 30 000 Algérois demandent un Gouvernement de salut public après la chute du gouvernement Gaillard. 9 mai: après l'annonce par le FLN de l'exécution de 3 prisonniers militaires français, vive indignation et nombreuses manifestations à Paris et à Alger. 13 mai: prise du gouvernement général par les Européens à Alger. Un Comité de salut public est créé sous la présidence du général Massu, et on fait appel au général de Gaulle. 14 mai : Salan crie "Vive de Gaulle" à Alger. De Gaulle se déclare prêt à assumer les pouvoirs de la République. 28 mai: grande manifestation pour la défense de la République à Paris, de la place de la Nation à la place de la République. 1er juin: l'Assemblée nationale investit de Gaulle par 339 voix contre 224. 4 juin: dans un discours à Alger, de Gaulle déclare aux européens "Je vous ai compris". 19 septembre: formation du Gouvernement provisoire de la République algérienne (GPRA). Ferhat Abbas est le premier président du GPR. 28 septembre: la nouvelle Constitution est approuvée par référendum (79% de oui en métropole, 95% en Algérie). Naissance de la Ve république le 5 octobre. 3 octobre: de Gaulle annonce à Constantine un plan de développement en 5 ans pour l'Algérie. 23 octobre: dans une conférence de presse, de Gaulle propose au FLN la paix des braves. 19 décembre: le général Challe et Paul Delouvrier reprennent les fonctions du général Salan. 21 décembre: de Gaulle est élu président de la République.
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1958 - Comment De Gaulle est arrivé au pouvoir. | ||
1958 - VIDEO 13 mai à Alger | ||
1958 - 20 mai à Alger | ||
1958 - Le voyage à Alger du Général De Gaulle | ||
1958 - Le Référendum | ||
1958 - Référendum en Algérie. | ||
1958 - Manchettes des journaux après le Référendum | ||
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1960 - Evènements à Alger 19 janvier: le général Massu est muté en métropole pour avoir critiqué la politique du général de Gaulle. 24 janvier: début de la semaine des barricades à Alger. 22 morts et 150 blessés le premier jour. 13 février: explosion de la première bombe atomique française au Sahara 3 - 5 mars: deuxième tournée des "popotes". De Gaulle en Algérie insiste sur la nécessité d'une victoire complète et le droit de la France à rester en Algérie, mais parle d'une "Algérie algérienne liée à la France". Il renouvelle l'offre de négociations. 30 mars: le général Challe est démis de ses fonctions de commandant en chef en Algérie. 9 juin: rencontre entre de Gaulle et Si Salah à l'Elysée. 25/29 juin: entretiens de Melun avec les émissaires du GPRA. Les négociations échouent quand le GPRA se rend compte qu'il s'agit de discuter d'un cessez-le-feu. 5 septembre: discours de de Gaulle. "L'Algérie algérienne est en route". Procès à Paris des membres du "réseau Jeanson" de soutien au FLN. Jean-Paul Sartre envoie une lettre au tribunal. 6 septembre: publication du "Manifeste des 121" sur le droit à l'insoumission en Algérie. Octobre: rafles d'Algériens à Paris et en banlieue 22 novembre: création d'un poste de ministre d'Etat des affaires algériennes, confié à Louis Joxe 23 novembre: départ de Paul Delouvrier, remplacé par Jean Morin, comme délégué général du gouvernement en Algérie. 9/12 décembre: dernier voyage de de Gaulle en Algérie. Manifestations populaires violentes à Alger, pour le soutien au FLN, au GPRA et à l'indépendance de l'Algérie. 20 décembre: les Nations unies reconnaissent à l'Algérie le droit à l'autodétermination. | ||
1951 - La chasse au sanglier. | ||
Le père DINGLI et un de ses chiens Si après la deuxième guerre et durant les années 1950 on ne craignait plus de rencontrer un fauve dans les rues de Mondovi, les sangliers pullulaient dans la région et étaient considérés comme nuisibles. Cela explique en partie l’engouement pour la chasse de beaucoup de Mondoviens. Une société de chasse rassemblait les chasseurs assidus. Elle avait pour appellation la « St Hubert ». Parmi les plus « mordus » figuraient Frendo Salvator (Totor) qui était limonadier au cœur de Mondovi, Monsieur Blanchet (père) qui possédaient des terres sur la route de Penthièvre, le père Albrieux , Frendo le garde champêtre, l’adjudant de gendarmerie, Dingli Auguste qui avait une ferme sur la route de Barral, plus tard son fils Charles, Monsieur Pellegrin, administrateur. C’est ce dernier qui se chargeait des commandes, en France, des éléments nécessaires à la confection des cartouches. Un chasseur digne de ce nom fabrique lui-même ses cartouches. La chasse se pratiquait le plus souvent en battues. Les rabatteurs étaient sélectionnés parmi les indigènes de confiance ayant déjà participé à des battues. La bonne partie de chasse commençait avant même que le jour ne soit levé. Les indigènes étaient placés en des points stratégiques afin de boucler une zone prédéterminée. La consigne était toujours la même : Inciter si possible la bête à se diriger vers les chasseurs embusqués et avertir lorsque l’animal repéré prenait la direction du tireur. Au chasseur, ensuite de faire preuve de suffisamment d’adresse et d’opportunité pour tirer au bon moment et faire mouche. Les chasseurs savaient pertinemment qu’un sanglier blessé peut-être dangereux. Les zones privilégiées autour de Mondovi étaient les terres de Monsieur Blanchet, route de Penthièvre ou celle de Monsieur Cardenti (Sidi Dj’mil). J’ai eu la chance d’assister à un retour de chasse. Il y règne une ambiance euphorique. Les bêtes abattues sont déchargées une à une. Chacun essaie de reconnaître l’animal qu’il a tué ou … encore mieux de retrouver l’impact du tir. Il faut alors tendre l’oreille pour savourer les commentaires romanesques du chasseur. S’ajoutent les analyses du contexte dans lequel l’animal a été atteint ou les risques encourus pour tirer dans les meilleures conditions. Puis vient le moment de la découpe et du partage des bêtes qui, se faisait de la façon la plus équitable possible. Tout se passait en général dans la meilleure ambiance. Les antagonistes étaient pour beaucoup des amis de longue date. Ils se retrouvaient régulièrement à la même table pour préparer les battues et en profiter pour refaire le monde. Cela se passait souvent à la ferme Dingli. Même ceux qui n’aimaient pas particulièrement la chasse se mêlaient à eux. C’était le cas, par exemple, de Monsieur Istria le maire de Mondovi. Après s’être servi dans le jardin de 2 poireaux et 3 carottes pour faire la soupe, il rejoignait le groupe attablé dans la salle à manger sous l’énorme tête de sanglier empaillée et prenait une « blanche ». La « blanche » c’était l’anisette, boisson sacrée de tous les Européens d’Algérie. Le père Dingli en avait toujours en réserve, même pendant la guerre, période où on ne trouvait plus rien. Son gendre, Michel avait mis au point un procédé à partir de vin et de graines d’anis pour obtenir un breuvage qui, bien que n’ayant pas tout à fait le goût de l’anisette Gras ou Liminana, s’en rapprochait beaucoup. Ce n’était pas au goût du représentant de la loi qu’était l’adjudant de gendarmerie mais une loi primait en la matière : celle du nombre. Devant tous les dégustateurs du breuvage, mieux valait fermer les yeux et feindre de ne rien entendre. Avec les « évènements » la chasse est devenue de plus en plus risquée et de moins en moins pratiquée jusqu’à ce qu’on n’entende plus parler de la st Hubert et encore moins de chasse. Le fusil resta tout de même à portée de main toujours prêt à être saisi pour répondre à une attaque éventuelle qui était perpétuellement dans les esprits.
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1954 - Les légionnaires à Mondovi | ||||||||||||||||||||||||
Plus que Kit Carson ou Buffalo Bill, héros des bandes dessinées que nous lisions durant les années cinquante, je garde de mon enfance le souvenir d’un personnage au couvre-chef blanc. Expert au tir à la carabine, sa précision et sa régularité m’avaient impressionné.
Je sortis deux ou trois plombs de ma poche pour les lui montrer.
Pour moi « armer » signifiait plier le canon pour compresser l’air du système. C’est ce qu’il fit. De sa main gauche il fouilla dans la poche supérieure de son veston pour en tirer une cigarette. Il la plaça sur une aspérité du tronc du figuier planté au milieu de la cour. Il recula de 6 à 7 mètres, mit en joue, tira. Deux morceaux de la cigarette tombèrent au pied du tronc. Un autre gars au képi blanc, curieux, s’approcha. Comme son collègue il était prêt à sacrifier la cigarette qu’il positionna à la même place sur le tronc. Il la rata de peu. Il recommença et rata de nouveau. Le premier, impatient repris la carabine. La cigarette subit le même sort que la première. Comme au stand d’une fête foraine, un troisième puis un quatrième homme s’approchèrent et cela devint un jeu qui dura jusqu’au dernier plomb de ma réserve. Ces hommes aux képis blancs étaient des légionnaires de passage au village. Pendant quelques jours la tabacoop avait été leur lieu d’hébergement momentané. Les docks de la coopérative, réquisitionnés leur servaient de dortoir. Le soir, j’avais rapporté l’anecdote à mon père. Il me raconta alors un fait marquant que l’on racontait à propos du régiment.
Nous étions en 1955 et la tabacoop hébergeait ces hommes qui revenaient de la guerre d’Indochine durant laquelle environ 300 officiers, 1000 sous-officiers et 9000 légionnaires sont morts. Cette année-là les légionnaires étaient la dernière unité française à quitter le Tonkin devenu Nord-Viêt-nam. Après les durs combats de Diên Biên Phu, ils retrouvaient des terres qu’ils considéraient comme les leurs. Des terres qu’ils avaient commencé à conquérir
En 1832 le bataillon allemand et suisse reçut le baptême du feu non loin d’Alger à Maison-carrée. Ils se heurtérent ensuite à l’Emir ABd el-Kader.
En 1835 c’est au bataillon Polonais de subir sans fléchir l’assaut de milliers de carabiniers arabes. Ils font la preuve que la légion peut être comparée aux
En 1870-71 les légionnaires combattent pour la première fois sur le sol français alors que l’article premier de son « acte de naissance » le lui interdit.
La prospérité et la pacification du pays sont toutefois perturbées par des bandes insoumises , traversant la frontière incertaine avec le Maroc.
Arrive ensuite la grande guerre et son immense carnage. Au tocsin qui retentit dans les campagnes françaises, répond un flot d’étrangers qui se portent volontaires pour défendre la France. Ils sont rapidement envoyés sur le front en 1915. La bataille d’Artois voit périr pas moins de 5000 soldats du 1er régiment étranger. La même année la Légion est présente en Serbie face aux Bulgares, contre les Turcs aux Dardanelles. Lorsque la paix revient la Légion retrouve le sable du désert marocain pour achever la pacification du pays. Elle prépare alors son centième anniversaire dont la date choisie est celle de Camerone : 30 avril 1931. Chaque année, le 30 avril, l’anniversaire du combat de Camerone est fêté dans le monde entier par tous les légionnaires. La cérémonie qui se déroule au quartier Vienot à Aubagne, revêt une solennité particulière. La musique au grand complet joue « Le Boudin, on sort la main de bois du capitaine Danjou de la crypte pour la présenter aux légionnaires, le récit de la bataille est lu à haute voix. Jean Danjou, est né le 15 avril 1828 à Chalabre (Aude), tué au combat le 30 avril 1863 à Camerone (Mexique). Le1er mai 1853, au cours d'une expédition topographique en Algérie, il perd la main gauche à la suite de l’explosion de son fusil. Il la remplacera par une prothèse articulée en bois, dont il se servira comme d’une vraie.
On dit que la prothèse a été retrouvée en juillet 1865 par le lieutenant autrichien Karl Grübert chez le propriétaire français d'un ranch à 100 km du lieu du combat. Celui-ci la tenait d'un guérillero ayant participé au combat. Le lieutenant Grübert la lui rachète pour 50 piastres Toutes décorations pendantes, les légionnaires défilent alors de ce pas lent et majestueux qui évoque une puissance inébranlable. En tête, selon la tradition, marchent les sapeurs barbus portant le tablier en cuir de buffle, la hache sur l’épaule.
Mai 1940, c’est la ruée des Panzer à travers la France. Comme en 1870 et 1914, la légion passe en métropole pour défendre la France. Elle se bat avec bravoure sans pouvoir arrêter le déferlement. Les rescapés seront renvoyés en Afrique du Nord.
Après le débarquement allié en Afrique du Nord, la Légion se retrouve réunie au combat pour chasser l’Allemand de la Tunisie.
9 Mars 1945, en Indochine, par surprise, les troupes japonaises attaquent l’ensemble des garnisons françaises, massacrent les prisonniers à la mitrailleuse ou au sabre, violent les femmes européennes, pillent, arrêtent les civils, les déportent dans des camps de la mort lente, les enferme dans des cages à tigres. Les légionnaires présents dans la colonie se battent sans espoir durant 48 heures avant de succomber. Lorsque la France revient en Indochine, le japon vaincu par l’arme atomique débute une longue guerre de neuf années de combats meurtriers aux quels la Légion participera largement. Ces hommes à qui j’ai prêté, le temps d’un tir, ma petite carabine à plomb étaient donc des rescapés de cette terrible guerre d’Indochine dont, jeune adolescent j’entendais parler. Ils revenaient sur « leur » terre d’Algérie pour la défendre. Ils l’ont fait d’est en ouest, de la Méditerranée au cœur du Sahara, toujours les premiers au feu. Ils ont combattu partout, l’ont emporté partout sur les willayas rebelles comme sur les fellaghas incrustés au plus profond des djebels. Soixante-trois officiers ont trouvé la mort au cours de cette guerre ingrate.
Le 21 avril 1961, c’est le putsch. Le premier régiment étranger de parachutistes s’empare d’Alger. Le 2ème REP s’apprête à lui prêter main forte. Le contingent ne suit pas. C’est un coup d’épée dans l’eau. Le 1er REP sera dissous, ses officiers emprisonnés. L’année suivante la France abandonne l’Algérie. Un million de pieds-noirs sont contraints de quitter leur pays.
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1955 - La Communion solennelle. | ||
SouvenirsParmi les livres de la bibliothèque j'ai retrouvé le missel que mes parents ont acheté à l'occasion de ma communion solennelle. Cette période m'a laissé un souvenir qui n' a pas grand chose à voir avec la ferveur dont on doit faire preuve, à cette occasion. C'était la fin de ma dernière année scolaire à Mondovi et l'évènement supposait une préparation qu'on appelait « retraite » et qui donnait droit à une semaine de congés tolérée par le Directeur de l’école. Durant cette semaine, je retrouvais les camarades qui, comme moi, pour suivre la tradition et emboîter le pas des parents, étaient voués à Jésus plutôt qu'à Mahomet. Notre préoccupation première, était de passer du bon temps en cette période où l'été était déjà bien entamé. A cette époque c'était le curé lui-même qui se chargeait de cette éducation religieuse et il savait exiger de nous un minimum d'assiduité de sérieux en nous promettant à la fin du stage un examen duquel dépendrait sa décision de nous faire faire la communion. « Redoubler le catéchisme! La honte elle nous serait montée à la fugure ! »...alors on bossait un peu... On se connaissait bien puisque durant les trois années de catéchisme on s'était retrouvés au sein de l'église du village à subir la solennité des séances qu'imposait notre cher curé Galéa (c'était son nom). Pas question de s'y soustraire ! La forte croyance de la plupart de nos parents faisait de l'instruction religieuse un passage obligé. Nous avons vu que les Bônois...donc les Mondoviens...étaient en majorité issus de l'île de Malte et que leurs parents avaient importé avec eux leur croyance ancrée au plus profond de leur être. Les femmes étaient plus pratiquantes que les hommes qui, par je ne sais quelle pudeur ou quelle honte, occupaient le fond de l'église en arrivant le plus souvent après le début de la messe. Ils étaient ainsi plus près de la sortie pour quitter l'église tout juste la bénédiction terminée… Jusqu’au jour de la communion, le curé voulait voir ses communiants au premier rang. Parmi ceux-ci des prestataires de service, les enfants de coeur, le plus souvent volontaires, étaient sélectionnés. J'ai rarement accepté cette participation parce que sans doute trop timide mais aussi, peu enclin à jouer la comédie. Le cérémonial de la messe me plaisait dans ce qu'il avait de grandiose au niveau des chants et de la musique mais le rituel me gênait dans la mesure où, comme beaucoup de participants, je ne comprenais rien au langage du curé qui parlait d’ailleurs une langue morte. En ce sens le catéchisme ne m'avait pas trop servi... La communion c'était souvent la première occasion de porter un pantalon long et certainement celle de vêtir son premier costume. De la cérémonie proprement dite je n'ai pas un grand souvenir. Je me souviens cependant de la fierté que j'avais, à mettre mes mains dans les poches pour brasser et faire tinter les pièces de monnaie que la famille m'avait données en échange de l'image souvenir que j'avais distribuée. Pour la première fois, je me trouvais, seul gestionnaire d'un pactole.
La communion était pour les Mondoviens comme pour tous les Européens d'Algérie, l'estampille du vrai chrétien et c'est pourtant à partir de cette date que la messe du dimanche n'était plus obligatoire. C'était en fait comme l'aboutissement des premières contraintes morales que s'imposaient nos parents après le baptême, qui, une fois satisfaites, leur donnaient l'impression du devoir accompli. Histoire de la Profession de foi En Occident, jusqu'au XIIe siècle, baptême et première communion étaient reçus simultanément. À la suite du 4e concile du Latran (1215), la première communion se voit retardée à l'âge de 7 ou 12 ans, voire plus tard encore. Avec le concile de Trente (1545-1563), la première communion est solennisée, sous l'influence notamment de saint Vincent de Paul. Les enfants y sont préparés, ce qui permet d'édifier aussi les parents. Dès 1936, l'assemblée des cardinaux et archevêques de France suggère que « l'on donne à la communion solennelle, comme caractère essentiel, celui d'une profession de foi faite au cours de la messe ». | ||
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1955 - L'école communale | ||
Pour voir des photos de classes, cliquez ICI Après l’année de Cours Moyen 2ème année une page était tournée : s’en était fini de l’école communale. Le passage obligé de la communion solennelle n’étant plus qu’un souvenir, les vacances d’été se passaient dans une espèce d’euphorie. Le simple fait de ne plus être obligé de se plier à la contrainte de la messe du dimanche créait en chaque adolescent un semblant de liberté dont nous profitions en attendant octobre. Nous savions qu’un nouveau rythme allait s’imposer à nous par le fait que dès la rentrée prochaine nous serions internes au lycée de Bône. A cette époque les vacances commençaient le 14 juillet, jour de la fête nationale pour se terminer le 1er octobre. Inutile de vous dire que la quinzaine de juillet était difficile à supporter avec la chaleur qui régnait. Durant les deux dernières semaines de l’année il y avait un certain relâchement dans les activités scolaires. Nous aimions cette période où notre travail se résumait chaque jour à un peu de calcul et un peu de français. Nous passions beaucoup de temps dans la cour de récréation. Durant toute l’année certains camarades étaient nantis de responsabilités dans le jardin du directeur qui avait toujours quelque chose à leur proposer. C’était souvent des tâches relatives à l’entretien de l’école ou de…son jardin. Ces activités permettaient le cumul de « lignes de bon ». Les « lignes de bon » étaient une réserve de lignes qui nous évitait de faire des lignes de punitions. Ramasser les graines de capucines dans le jardin du directeur permettait, par exemple, d’avoir 50 lignes de bon. Un camarade avait la responsabilité de la tenue des comptes des lignes. Un cahier était réservé à cette comptabilité. Il arrivait ainsi que des camarades, toujours les mêmes, souvent des musulmans aient jusqu’à 500 voire 1000 lignes de bon. Ceux là n’avaient jamais de lignes à faire. Le problème n’était pas de faire les lignes. C’était surtout d’arriver à les faire discrètement pour ne pas avoir à rendre des comptes aux parents. Notez que le directeur méritait qu’on s’occupe de son jardin, lui qui s’est tellement bien occupé de nous. C’est lui qui nous a conduit à Bône au mois de juin pour nous faire passer l’examen d’entrée en sixième qui était obligatoire. Il avait pris soin d’amener une boite de sucre et une bouteille d’eau. Entre chaque épreuve nous avions droit à notre dose énergétique. En fonction des résultats à cet examen on décidait ou pas d’attribuer une bourse aux candidats. Sans doute grâce au sucre ai-je eu la chance de me voir attribuer une bourse qui a abaissé d’autant les frais de scolarité de mes parents qui ne roulaient pas sur l’or. A Mondovi, l’école de garçons faisait suite au Presbytère dans la rue St Ambroise. Elle avait été construite entre les années 1850 et 1860 et avait fait l’objet de travaux durant les années 1926-27. Le Directeur était alors Monsieur Suzini, un directeur qui est resté dans les annales du village. En 1954, le directeur se chargeait du CM1, donc de l’entrée en sixième et du certificat d’études. Il y avait en cours moyen 1ère année, un instituteur d’une certaine nonchalance mais qui ne manquait pas de nous faire travailler. Il avait une manie qui consistait à mâchouiller du papier. Lorsqu’il arrachait la feuille d’un cahier, au lieu de la jeter à la poubelle, il en faisait une boule et la mettait à la bouche en guise de chewing-gum. Son « système » de punition était radical. Il y avait en haut de l’une des deux armoires du fond, un véritable nerf de bœuf. Lorsqu’un élève ne donnait vraiment pas satisfaction, il avait droit à une ronde. L’instituteur le tenant de la main gauche lui assénait une série de coups de nerfs de bœuf sur le postérieur. Mieux valait porter une blouse à cette occasion pour amortir l’impact des coups. Notez bien que, souvent le « maître » était encouragé dans ses agissements par le père musulman dans sa manière de procéder. On l’entendait souvent dire « T’i as pas peur ti lui donnes ». A chaque visite de l’inspecteur le nerf de bœuf prenait bien sûr ses congés…Il existait un autre instrument de « torture » qui était la règle carrée d’écolier. Tous les matins les activités commençaient par la leçon de morale. De suite après, avait lieu la séance de calcul mental. L’ardoise bien propre était prête sur chaque pupitre. Il y avait tous les jours 5 questions sur la règle abordée la veille qui était à étudier à la maison. Toute la classe attendait le coude posé sur la table, la main droite en l’air tenant la craie. L’instituteur posait une question. Suivait un laps de temps de réflexion. Un coup de règle sur le bureau donnait le top pour « coucher » le résultat attendu sur l’ardoise. Si la réponse donnée était la bonne, tout allait bien. Si ce n’était pas le cas il fallait tracer un petit bâtonnet au dos de l’ardoise. A la fin de la séance il y avait donc autant de bâtonnet que de fautes. Le « maître » passait alors en revue toute la classe et donnait à chaque élève autant de coups de règle sur les bouts des doigts regroupés et tendus qu’il y avait de bâtonnets sur l’ardoise. Les mauvais en calcul mental avaient tout intérêt à se couper les ongles le moins souvent possible. En cours élémentaire 2ème année nous avions un instituteur qui était le roi de l’expérimentation. J’ai encore en mémoire sa séance sur le caoutchouc. Pour nous démontrer l’élasticité du matériau, il avait confectionné une balle en enveloppant un caillou de bandelettes de chambre à air de vélo. Il envoyait cette simili balle contre le mur du fond de la classe. La balle n’étant pas d’une rondeur régulière rebondissait comme bon lui semblait, pouvant à tout moment atteindre le crâne d’un élève du fond de la classe. L’instit s’en amusait.
Le cours préparatoire se passait à l’école des filles qui se trouvait à l’angle des rues de la Pépinière et de l’Espérance. En 1955, il y avait, dans une classe de garçons de 33 élèves, 10 Européens et le reste de musulmans. En 1934, la proportion était de 15 Européens sur 32 élèves. Chez les filles, en 1915 la classe de 24 élèves comptait 24 Européennes. En 1955, il n’y avait plus que 7 Européennes sur 35 élèves. Cette évolution s’explique sans doute par la réticence des familles musulmanes à envoyer les filles à l’école. Réticence qui s’est estompée au fil du temps. Il faut noter que ce phénomène n’est pas spécifique à l’Algérie. En France, dans les campagnes lorsque l’école devint obligatoire on trouvait superflu d’envoyer les filles à l’école parce qu’on pensait que l’apprentissage des besognes de la maison suffisait pour mener la mission qu’on confiait aux femmes qui était de s’occuper du foyer. En Algérie la religion a certainement agi à l’encontre de l’émancipation de la femme. Très tôt les filles étaient enfermées et promises à un mariage forcé. Certains garçons musulmans du village suivaient l’école coranique. Il en existait une dans la rue Thouin. Il était facile de le deviner. Les chants monocordes et lancinants de la lecture du coran résonnaient au sein de la rue à longueur de journée. Il faut bien reconnaître, avec le recul, que ces musulmans étaient dans un meilleur contexte que celui dans lequel on les plongeait en leur faisait apprendre en histoire que leurs ancêtres étaient des Gaulois… » Durant les années 50, des classes de CM2 de Mondovi, très peu de musulmans rejoignaient le lycée classique de Bône (Lycée St Augustin) qui était le passage obligé pour prétendre à des études longues. En 1962, à l’internat du lycée il y avait autant de musulmans que d’Européens. C’est dire qu’en l’espace de 7 ans les choses avaient bien évolué. Mais revenons à notre année 1955 Alors que les vacances étaient sur le point de s’achever, toutes les démarches avaient été faites pour l’inscription au Lycée. On nous avait attribué un numéro qui devait figurer sur tous les vêtements du trousseau à remettre à la rentrée. Dès lors j’étais le 130. Sans doute par soucis d’économies mon père m’avait fabriqué une boîte avec la minutie qui le caractérisait, dans laquelle on avait rangé mes affaires de toilettes. Je la possède encore j’y ai casé des clous et des vis. Elle porte toujours le 130 écrit à l’encre de chine. Tout était pratiquement fin prêt. Une seule chose préoccupait mes parents : le fait que Mondovi se trouvant à environ 25 kilomètres de Bône, il faudrait, chaque samedi et chaque lundi, prendre le risque de faire le trajet par la route. Mon père n’avait pas encore passé son permis. Nous n’avions pas de voiture. Il faudrait donc prendre le car et, cela, ma mère le craignait. En novembre 1954 une vague d’attentats terroristes avait marqué le déclenchement de l’insurrection algérienne dans les Aurès et en Grande-Kabilie. Un couple d’instituteurs avait été victime d’un attentat. Le mari était tué, la femme blessée. En décembre de la même année il y eut 150 arrestations en Algérie. Le 8 janvier 1955 un poste militaire était attaqué en Grande-Kabilie. En juin 1955 il y eut des bombes à Philippeville. En Août de la même année, attaque de Guelma. Tous ces évènements ne faisaient que renforcer l’impression d’insécurité qui règnait un peu partout. Il faudra pourtant vivre dans ce contexte. Chaque lundi, ma mère me confiait au chauffeur du car qui était indigène en lui disant, en arabe, «-Fais bien attention à lui… » Chaque lundi, il répondait « -Oui, oui, n’aie pas peur madame ! » Et, un jour on apprit que le chauffeur avait été arrêté parce qu’il avait des responsabilités au sein d’un groupe de fellagas du village. Ce jour là mon père décida d’acheter une automobile avant même d’avoir le permis pour me faire conduire au lycée tous les lundis matins. Il choisit la fameuse 4CV Renault, le véhicule le plus économique qui existait à cette époque. C’est un petit cousin qui se chargeait de me conduire au lycée tous les lundis matins jusqu’à ce que mon père passe son permis. La mission n’était pas moins risquée pour autant… | ||
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1955 - Le niveau de vie des Français d'Algérie en 1954-55 | ||
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route nationale.
| De BÔNE à MONDOVI par la ||
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1952- Visite de Timgad Vidéo cliquez | ||||||||||||||||||
L’Algérie est très riche en vestiges romains. Malheureusement, l’insécurité, à partir de 1954, ne nous a pas permis de visiter tous les lieux intéressants à découvrir. Voici cependant quelques photos qui datent de 1952, époque où il était encore possible de circuler sans crainte.
La ville romaine de Timgad est située à l’est de Batna et au sud de Constantine à la limite du Sahara. Timgad est une des deux seules villes romaines qui demeurèrent pratiquement intactes. La deuxième est Pompéi qui a été protégée par les cendres du Vésuve. Timgad doit sa conservation au sable du désert. On est surpris en visitant la cité par son plan méthodique et le quadrillage régulier qui la caractérisent. Les deux rues les plus importantes, se croisent en formant un angle droit. Toutes les autres rues sont parallèles aux rues principales. Le Forum est le centre politique de la cité. C’est une place fermée, inaccessible aux voitures.. Toute la ville semble implantée en fonction de la colline, où il était possible de creuser la « cavea » pour « caser » l'amphithéâtre, le cirque. Ces monuments sont situés dans les quartiers périphériques parce qu’il était pratique de tenir compte de la déclivité du terrain qui permettait de les adosser à la colline. Les rues sont dallées et souvent bordées de portiques. La ville est équipée de temples, de thermes et de marchés. Des quartiers ont été créés autour de places secondaires auxquels des aqueducs amène l’eau canalisée dans des conduites sous tunnel ou supportées par des arches.Plus d'informations sur Timgad
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1956 - Chasse au moineau à Monville. | ||
MONVILLE, GUEBAR, CHAPEAU DE GENDARME, La LORRAINE, BEUGIN, DARHOUSSA, SAINT PAUL, GAZAN...
Dans la plaine, l'agriculture est passée par une crise très grave. Les villages, les fermes dépérissaient, se vidaient. Le paludisme sévissait : les eaux stagnantes du marais du FETZARA le rendaient redoutable. La sécheresse, alternant avec les inondations, réduisait les récoltes qui se vendaient mal. L'élevage, empirique, était sans défense contre les épidémies. Les agriculteurs avaient mis leur espoir dans le vignoble, péniblement créé sur les encouragements gouvernementaux : le phylloxéra, le mildiou et surtout la crise vinicole, les frappèrent durement. C'est alors que quelques capitaux métropolitains échappés au krachs financiers de l'Union générale et de Panama vinrent s'investir.
Mon cousin Auguste, Jean-Pierre qu’on appelait communément « Coco » était expert dans le tir au « tire boulette » (fronde). Il confectionnait lui-même son arme: tout un art parce que chaque élément avait son importance. Il fallait d'abord choisir la structure en bois dans une branche présentant un "V" d'une symétrie aussi parfaite que possible. De l'élastique dépendait la puissance et donc l'efficacité du tir. Mais cela ne suffisait pas. Le tableau de chasse dépendait surtout de la dextérité du tireur et Coco n'avait rien à envier aux meilleurs. Nous allions donc régulièrement chasser le moineau qui pullulait dans la région. Mes parents m’avait offert une petite carabine à plombs...le plus beau cadeau que j'ai eu en ce début d' adolescence. Toujours est-il que j’ai terminé la journée avec un slip et un pantalon de mon oncle. Inutile de vous dire que cela a été l’occasion d’une sacrée rigolade.
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1957 - Dernier concours de boule lyonnaise. | |||||
Durant les années cinquante le boulodrome municipal a été peu à peu déserté. Les attentats perpétrés ces années là ont dissuadé les mondoviens de fréquenter ce lieu trop exposé au jet d’une grenade par exemple…Au sein du périmètre de la tabacoop, un parc d’activités de loisirs avait été aménagé. A côté d’un terrain de tennis en terre battue existaient tris terrains de jeu de boules. Ils pouvaient, eux aussi, être éventuellement éclairés le soir. Ils avaient l’avantage d’être beaucoup moins exposés que ceux de la municipalité. C’est là que se déroulèrent les dernières parties de boules avant que tout le monde ne songe à faire les valises. Ces parties étaient des séances d’entraînement aux concours qui se déroulaient pour la plupart le dimanche à Bône. Le dernier concours de Mondovi a été organisé en 1957. Outre les deux boulodromes du village, des terrains annexes furent créés sur le stade municipal pour faire face à l’affluence prévisible des joueurs des clubs de toute la région. De véritables derby naissaient de la composition de certaines quadrettes. Il y avait à Barral, par exemple, de redoutables tireurs, les frères Réal qui présentaient régulièrement une équipe de haut niveau. A Mondovi Emile Frendo était sans conteste le meilleur tireur. Dans sa quadrette figuraient des joueurs de talent tels Baëza Michel ou François et Bussutil René. Une rivalité non dissimulée mais amicale tout de même existait entre l’équipe Frendo et l’équipe Réal. Pour cette raison, il fallait s’attendre à chaque rencontre à une partie passionnée et acharnée. Barral n’étant qu’à 6 kilomètres de Mondovi, il arrivait parfois que les frères Réal se déplacent pour venir « passer un moment » avec les boulistes mondoviens. Les parties d’entraînement prenaient alors une autre tournure.
Aux anciens sont venus s'ajouter des jeunes joueurs talentueux tels Baëza Armand, Falzon Jeannot, Dagosta. Une expression revenait régulièrement quand une prise de décision stratégique était nécessaire et qu’un joueur n’était pas du même avis que ses co-équipiers : c’était « Arrête ou j’attelle ». Je me suis toujours demandé ce qu’elle sigifiait. Un jour mon père me livra une explication. Autrefois les joueurs se déplaçaient en charrette et cheval pour aller aux concours. Durant le temps des jeux, le cheval était dételé et parqué en un lieu prévu à cet effet. Un jour le conducteur d’un attelage en désaccord avec un co-équiper qui voulait en faire à sa tête lança « Arrête ou j’attelle » pour lui faire comprendre que son entêtement pourrait faire qu’il attelle le cheval pour partir. Ces trois mots qui ne voulaient rien dire pour un spectateur non averti était à la fois un signe de désapprobation d’une stratégie en même temps que le souvenir d’un évènement maintes fois rappelés.
Les concours avaient lieu sous le patronage des marques d’anisette et de pastis et c’était l’occasion, l’entrain et la chaleur aidant, de vider quelques verres. A la buvette, une odeur de friture de brochette et de merguez incitait à la dégustation. Rien que cela valait le déplacement de Mondovi à Bône, route que nous connaissions par cœur et au bout de laquelle des moments inoubliables ont émaillé la vie des mondoviens Cliquez | |||||
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5 juin 1958 : Le Général De Gaulle à BÔNE. | |||
Cliquez pour agrandir Nous sommes en juin. Inlassablement comme pratiquement chaque jour, jeunes gens et jeunes filles “font le cours”: c’est l’expression qu’on utilisait alors, pour dire qu’on arpentait le cours Bertagna, les Champs Elysées Bônois.En haut du cours la statue de Jérôme BERTAGNA, maire de Bône de 1888 à 1903, année de sa mort, semble surveiller le rond-point tout près de l’Hôtel de ville que traverse prestement une femme voilée, tandis qu’un garde coiffé d’un képi blanc fait les cent pas de part et d’autre de sa guérite. De l’autre côté du rond-point un marchand de glaces attend patiemment qu’un client vienne lui commander une de ses fabrications...peut être un “créponnet”, ce sorbet à base de citron que les badauds apprécient tant lorsque les chaudes journées d’été arrivent. Depuis quelques jours les colonnes de marbre de l’Hôtel de ville ne sont plus le décor unique de l’édifice dont les Bônois sont fiers. De nombreux drapeaux bleu-blanc-rouge qui ornent la façade lui donnent un air de fête. C’est que la ville attend la visite du général De Gaulle. J’ai alors quatorze ans : pas question d’aller au lycée. Etablissements publics et privés, usines, entreprises, commerces sont fermés. Le matin à Mondovi le village est en ébullition. On remplit le car du village, des camions, des véhicules particuliers de français et de musulmans jeunes et moins jeunes, certains arborant un placard de médailles impressionnant. On distribue des drapeaux tricolores, des fanions, des pancartes, des banderoles. Je me revois, confortablement installé dans le car mon drapeau enroulé à la main. C’est l’effervescence et déjà les slogans fusent “De Gaulle au pouvoir” Vive De Gaulle”et continueront à accentuer l’ambiance festive qui règne dans le véhicule. Il en sera ainsi durant les 25 kilomètres que nous parcourrons pour atteindre Bône. Le général est arrivé. Le cours est noir de monde. Nous sommes là, réunis, Français et Français musulmans avec la même idée : tendre vers une Algérie nouvelle où la paix régnerait. Tous les événements depuis leur début, avaient eu tendance à éloigner les deux communautés et ce jour là il me semblait que nous étions du même côté, celui de l’espoir d’une paix qui nous permettrait de vivre ensemble. A cela s’ajoutait tout de même un certain mal à l’aise. J’avais beau cherché parmi les manifestants des visages de camarades de classe indigènes. Je n’en trouvais pas un. Les musulmans qu’on avait fait monter dans le car se seraient-ils faits manipuler ? Aurait-on usé de persuasion pour les conduire jusque là. Je ne voulais pas le croire. Beaucoup portaient la France dans leur cœur. En particulier ces anciens combattants des guerres 14-18 puis 39-40 arborant les médailles obtenues au combat.
Je me rappelle le mal qu’avait eu le général à prononcer son discours tant les acclamations étaient fortes et répétées. Une sorte d’euphorie grandissante envahissait la foule. Il avait fallu que le général Salan intervienne pour la calmer afin que De Gaulle puisse parler.
Faute d’avoir relu son discours il me serait actuellement impossible de dire qu’elle était la teneur de ses propos. Disons que l’essentiel consistait en des paroles rassurantes qui satisfaisaient momentanément tout le monde. Quelques jours plus tard les photos tirées par des participants ravivèrent le souvenir de cette manifestation
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1959 - Les figues de barbarie | ||
Avez-vous déjà mangé des figues de Barbarie ? Le fruit a une chair, tout ce qu’il y a de plus granuleux. Elle est, en effet constituée essentiellement de graines qui sont d’autant plus dures que le fruit est vert. Pour cette raison, les meilleures figues de barbarie, à mon goût, étaient celles qui étaient bien mûres. Mon père raffolait de ce fruit alors qu’il ne pouvait pas avaler une tomate parce qu’il y avait des graines à l’intérieur. La figue de barbarie c’est le fruit du cactus. La plante proliférait en Algérie. Il n’était pourtant pas toujours facile de trouver de beaux fruits comestibles. Certains indigènes s’en étaient fait une spécialité en les vendant sur les marchés ou en les fournissant à la demande à ceux qui voulaient en « faire une cure ». Mon père avait son producteur attitré qui les lui fournissait par cageots à la bonne saison. A chaque livraison le travail de préparation était immuable. Il faut surtout faire très attention aux toutes petites épines qui couvrent par plots l’enveloppe verte du fruit. Elles pénètrent dans la peau et sont très difficiles à retirer. Mon père commençait à passer les fruits au jet d’eau. Puis il s’installait avec le cageot entre les jambes. Je m’installais en face, un plat à portée de main prêt à recevoir les fruits pelés. Mon père saisissait alors les figues une à une en évitant de placer ses doigts sur les épines. Il tranchait une rondelle à chaque extrémité puis fendait la peau longitudinalement. Il ouvrait alors le fruit en saisissant la peau de chaque côté de la fente. Mon travail consistait à saisir le fruit pelé et à le placer dans le plat prévu cet effet. Ainsi on ne risquait pas de souiller la figue d’épines. Au repas qui suivait ce travail de préparation les figues étaient servies. Dans la famille à peu près tout le monde aimait plus ou moins ce fruit. Mieux valait, cependant, espacer les cures parce qu’en guise de constipation, il n’y avait pas mieux. Il me vient à l’esprit une mésaventure qui est advenue à une sœur arrivée de métropole qui exerçait à la clinique Ste Thérèse de Bône où ma sœur était en traitement à la suite d’un accident. Au cours d’une promenade la sœur découvrit un figuier de barbarie. Ma sœur qui l’accompagnait lui dit que les fruits étaient bons à manger. Avant même qu’elle put lui parler des épines, la sœur tendit le bras pour se saisir d’un fruit qui lui paraissait bien mûr et tout aussitôt le mettre à la bouche. Je vous laisse deviner le résultat de la manœuvre…La promenade fut très vite écourtée… Le figuier de barbarie pouvait avoir un tout autre usage. Les petits arabes utilisaient leurs feuilles larges grasses et épaisses pour en faire une palette servant de cible à un jeu de fléchettes. La fléchette était confectionnée avec un morceau de fil de fer rigide. La feuille du figuier nettoyée de ses épines était placée au sol ou sur une table, le jeu consistait à planter la fléchette en faisant, une après l’autre, des figures imposées : main droite, main gauche, au dessus du bras gauche qui pince l’oreille droite, inversement…etc…Voilà qui peut remplacer les jeux électroniques sophistiqués d’aujourd’hui. Nous avions d’autres jeux aussi bons marchés nous aurons l’occasion de les citer. Dernier usage connu des feuilles de figuiers de barbaries débarrassées de leurs épines : certains indigènes les utilisaient pour nourrir leurs vaches. | ||
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